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Compte rendu de police, Annie & Geneviève

Geneviève Lambert et Annie Lamiral ont participé au défi d’écriture proposé. Elles ont chacune et indépendamment réalisé des textes très différents dans leur structure, leur style et leur effet. L’occasion de mettre en lumière la magie des ateliers d’écriture, quand tout le monde part du même point pour prendre un chemin différent, pour le plaisir des lecteurs et auditeurs. Un bel exercice de style… Bravo à Geneviève et Annie qui participaient pour la première fois à une proposition Rémanence !

 

GYMNASTIQUE D’ECRITURE

Semaine 4 « Jeux oulipiens » / Jour 7 « Exercices de style » [5 à 10 min.]
► Une situation banale : Albertine veut manger une pomme. D’abord, elle la nettoie avec sa manche. Elle la regarde luire. Ensuite, elle nettoie son dentier. Elle le regarde luire. Elle enfile son dentier. Elle mange sa pomme.
► Racontez cette même situation de trois manières différentes :
* Compte rendu de police.
* Du point de vue de la pomme.
* Avec exagération, à la « Marseillaise », comme on dit.

Compte rendu de police / Blog-Annie-Lamiral

Aujourd’hui, dix-neuf juillet mille neuf cinquante huit, à vingt-deux heures 

Nous soussignés 

Garcia, Bertrand

et

Lescoffier, Simon

agents de police judiciaire du Commissariat principal de Reims, département de la Marne, agissant revêtus de notre uniforme en exécution des ordres reçus, avons été saisis par Rousseau, Isabelle, fille de la victime,

Rousseau, Jeanne

Née le 20 mars 1938 à Bordeaux, Gironde

de profession épicière

domiciliée 51, Grande Rue à Reims (Marne)

Nous rapportons ce qui suit :

La victime préparait dans la cuisine un buffet sucré pour l’anniversaire de sa fille qui avait invité quelques amis. Elle avait fini de dresser les gâteaux et se concentrait sur la présentation des fruits.

Très conscieusement, elle lustrait les pommes une par une. Comme à son habitude, elle grignota quelques morceaux de chocolat, une noisette se coinça dans son dentier qu’elle ôta, nettoya et remis en place. 

Alors que la table était sur le point d’être prête, Rousseau, Isabelle laissa sa mère, Rousseau, Jeanne, terminer l’arrangement des corbeilles de fruits pour aller se refaire une beauté. 

Sur le coup de dix-neuf heures, Rousseau, Isabelle entendit un immense vacarme et se précipita dans la cuisine. Rousseau, Jeanne gisait par terre, la bouche béante, une pomme coincée entre ses mâchoires. 

Rousseau, Isabelle nous a immédiatement saisi de cette affaire. A notre arrivée, elle nous a informé que la victime se savait condamnée par un cancer du pancréas s’aggravant de jour en jour et souffrait, depuis sa naissance, d’une allergie mortelle aux fruits à pépins. 

Nous avons déclaré à la fille de la victime que les faits ci-dessus constatés, nous dressions procès-verbal avec demande d’autopsie conformément à la Circulaire n° 48.478 du Ministère de l’Intérieur.

Signé

Garcia, Bertrand

et

Lescoffier, Simon

_______ Ecrit par Annie Lamiral


Compte rendu de police

10 h 15 : La prévenue s’assoit et sort une pomme de son cabas ; il lui est demandé de décliner son identité. Elle prend la pomme, la nettoie avec sa manche, la regarde luire. L’huissier répète la question : la prévenue retire son dentier, le nettoie et le regarde luire. L’impatience gronde : donnez vos nom, prénom, date de naissance : la prévenue remet son dentier et mange la pomme pour toute réponse.


Du point de vue de la pomme

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Je suis posée là sur la table de la cuisine avec rien autour de moi. Je suis belle, joliment colorée. Albertine m’a trouvée sur le marché et n’a pas hésité, depuis elle me regarde, me prend dans sa main pour nettoyer ma peau à l’aide de sa manche. Elle me regarde à nouveau, je luis. Je la vois retirer son dentier, j’ai un moment de stupéfaction, elle le nettoie comme elle a fait avec moi et le regarde comme elle me regardait quelques minutes auparavant. Je n’arrive plus à suivre sa pensée. Puis elle enfile le dentier,

 m’attrape de l’autre main et je craque sous ses fausses dents espérant qu’elles tiennent jusqu’au bout.


Histoire à la marseillaise

Quelle chaleur ! Albertine s’écroule sur la chaise de cuisine, son cabas à portée de main. Ils ont tellement dit qu’on avait détruit la planète que ça y est, il n’y aura plus une goutte de fraicheur dans ce pays et ce cabas qui pèse une tonne ! Elle le déchargera plus tard, elle a tellement faim qu’elle avalerait son contenu tout entier. Elle prend le paquet de fruits, en sort une pomme qu’elle nettoie sur sa manche. Mais comme elle est belle cette pomme ! Elle retire son dentier. Quelle affaire, mon Dieu quelle affaire, elle le nettoie et le regarde : c’est bon il fera encore quelques temps, elle le remet en place et s’empare de la pomme qu’elle croque goulûment.

–––– Écrit par Geneviève Lambert

 


Geneviève et Annie participant.e.s aux ateliers d’écriture que nous proposons.
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