Les Nouveaux corps Edition

Appel à textes de la Maison d’édition « Nouveaux corps »

Rémanence des mots soutient la démarche des étudiants en Master 2 Création éditoriale multi-supports de la Sorbonne. Ils lancent un appel à contribution exigeant pour créer un ensemble qui formera un livre, présenté à Livre Paris 2019. Nous les avons interrogés sur leur démarche collective et leurs conseils littéraires à des écrivains en apprentissage.

 Quels sont les principes de la maison d’édition éphémère de La Sorbonne ?

Nouveaux corps - appel à texte - corps femme

Comme tous les ans, le projet collectif des étudiants du master 2 Création éditoriale multi-supports de la Sorbonne est de concevoir un livre dans son intégralité et de le publier pour le Salon du Livre Paris. Le thème de cette année était « Métamorphoses ». Pour trouver une manière d’aborder ce thème très large, nous avons discuté ensemble de ce que cela évoquait pour chacun de nous. Le thème des transformations du corps traité sous l’angle social s’est vite imposé, dans la mesure où il est d’une redoutable actualité. Nous avons bien sûr ancré notre réflexion en réfléchissant aux pressions exercées par la société sur le corps par le passé, mais nous souhaitions surtout explorer la société et les corps sous l’angle contemporain pour peut-être provoquer une prise de conscience chez nos lecteurs.

Comment s’organise le Master 2 Création éditoriale ?

Notre formation est un master 2 Création éditoriale multi-supports de la Sorbonne en co-partenariat avec le CFA de l’Édition-Asfored. Nous avons la particularité d’être 29 étudiants en alternance dans des maisons d’édition variées. Notre rythme est de deux jours à l’université et trois jours en entreprise. Nos cours à l’université sont animés par des intervenants du monde de l’édition. La moitié d’entre nous provient du master 1 Métiers de l’Edition et de l’Audiovisuel en alternance et entame sa deuxième année d’apprentissage, sans compter les stages que nous avons pu réaliser par ailleurs.

Pour mener à bien notre projet, tout le monde est réparti en pôle de maison d’édition en respectant goûts et domaines d’expertise (ou en suivant notre curiosité). Nos profils sont variés, suffisamment pour que nous prenions en main tous les aspects de notre ouvrage. Quelques personnes ont fait des études d’édition dès la licence, d’autres des études littéraires, d’histoire, de philosophie, ou encore d’économie. Ce qui nous différencie, ce sont surtout nos centres d’intérêt, nos domaines de prédilection, nos projets respectifs, l’expérience que nous avons dans l’édition. Nous avons donc toutes et tous des compétences et des empreintes différentes à apporter à ce projet collectif.

nouveaux corps - corps humain

Comment votre collectif travaille-t-il ?

Nous avons des séances de groupe en autonomie entièrement dédiées au projet mais nous travaillons aussi de manière autonome par pôles (éditorial, direction artistique, maquette, fabrication, juridique, financier, promotion, fabrication). Les moments en classe entière nous permettent de discuter et de statuer sur des questions générales… Cependant, chaque pôle avance de son côté tout en concertant librement les autres : il y a une interdépendance, et nous nous faisons confiance dans nos prises de décision.

L’an dernier, avec Rémanence des mots, nous avons vu la pièce « Notre innocence » de Wajdi Mouawad et rencontré une partie de l’équipe qui nous relatait son expérience de 18 comédiens face à 750 spectateurs – « Un monstre à 18 têtes » (dixit Julie Julien) avec un seul souffle, une seule voix qui rejoint un état de transe pendant 32 minutes – un chœur qui symbolise un geste collectif sans concessions. De votre côté, l’expérience collective sera différente mais comment pensez-vous l’appréhender ?

Pas si différent que ça puisqu’il s’agit également de monter un projet de A à Z de manière collective. La dimension collective sera aussi abordée via le thème de notre ouvrage : la métamorphose des corps dans notre société actuelle et grâce aux rencontres avec nos futurs lecteurs.

Finalement, la société nous transforme-t-elle, ou, c’est nous — qui faisons partie de la société – qui la transformons ?

Nous pensons que cette transformation fonctionne dans les deux sens, mais à des niveaux différents : nous sommes la société et nous la transformons par le biais de nos actions collectives, de progrès scientifiques ou encore de changements comportementaux. Cette transformation de la société a donc pour conséquence d’impacter notre mode de vie et de changer nos habitudes, en somme, de nous métamorphoser dans notre propre individualité.

Quelles sont les transformations majeures en cours ou à venir (positives, négatives ou préoccupantes) ?

Les « Nouveaux corps » résonnent bien comme une énigme et cela traduit à juste titre notre avis sur la question. Il est difficile de prédire les transformations majeures qui deviendront (ou pas) la future normalité. Si nous devons nous pencher sur les transformations actuelles, nous pouvons souligner l’évolution vraiment préoccupante de l’obésité dans notre société ou encore l’omniprésence des nouvelles technologies dans nos vies. Quant au futur, des chercheurs du MIT ont réussi à connecter trois cerveaux pour qu’ils puissent communiquer ensemble, sans se parler ni même se voir. C’est incroyable et tellement irréel ! Tout cela pour dire qu’il est difficile de prédire les transformations majeures à venir, sans tomber dans l’exagération et la science-fiction.

Que pensez-vous du corps-texte ?

Il est évident que de nombreux écrivains ont utilisé la transformation du texte pour explorer de nouvelles formes et ainsi mieux imposer leur style. C’est par exemple le cas des calligrammes d’Apollinaire, révolutionnaires à leur époque. Cependant, nous avons d’emblée choisi de restreindre le thème des métamorphoses : plutôt que de l’élargir à toutes ses applications possibles (intertextualité, réécriture, jeux formels), nous l’avons envisagé dans un cadre conceptuel précis.

Quels rapports entretenez-vous les masters en Création Littéraire notamment ?

Nous comptons beaucoup sur le soutien des masters de Création Littéraire et de leurs étudiants pour nous apporter des contributions qualitatives et novatrices. En effet, ce sont des terreaux fertiles pour débusquer de nouveaux talents et proposer des réflexions originales sur notre thème. Ils sont très au fait de toutes les nouvelles formes d’écriture et seront un atout extrêmement précieux dans notre ouvrage.

Comment établissez-vous votre sélection de textes ?

Nous attendons des textes de qualité tant dans le fond que dans la forme. Notre sélection reposera tout d’abord sur le respect de la charte éditoriale et la conformité au thème de la métamorphose corporelle. Les meilleurs textes étant ceux qui parviendront à élaborer une métamorphose physique induite par la société contemporaine de façon métaphorique et hyperbolique. Nous n’avons pas d’exigence en termes de format : fiction, poésie, théâtre, essai, toute forme sera également acceptée. Notre sélection reposera dans un second temps sur la clarté du propos. Avoir une intention claire et une prise de position immédiatement compréhensible à la lecture du texte nous apparaît comme primordiale. Enfin, nous serons attentifs à la fluidité syntaxique, des phrases claires, percutantes, de longueurs variées créant une dynamique de lecture.

Quels conseils donneriez-vous à auteur débutant avant de vous proposer son texte ?

Ce que nous conseillons à un auteur débutant avant d’élaborer son texte est de faire un brouillon pour :

1/ Déterminer un type de métamorphose et un seul type. Traiter de plusieurs métamorphoses dans un même texte risque d’embrouiller le lecteur et de nuire à la clarté du propos.

2/ Déterminer quelle métaphore ou allégorie sera employée pour décrire cette métamorphose.

3/ Établir le nombre de protagonistes et faire une fiche personnage pour chacun. Donner une identité à ses personnages aide à leur donner vie dans le texte.

4/ Déterminer le point de vue : interne ? Externe ? Utilisation du “je” ? Du “il” ?

5/ Suivre un plan narratif : situation initiale, élément perturbateur, résolution.

6/ Une fois le brouillon réalisé, faire un premier jet sans chercher la perfection mais en écrivant selon le fil de sa pensée, de ses idées, de ses émotions.

7/ Puis dans un second temps, se relire à tête reposée et commencer à retravailler son texte en s’interrogeant sur sa fluidité, la longueur des phrases (attention aux phrases à rallonge abusant des “et”, “puis”, “mais” et des virgules).

8/ Traquer les répétitions et l’utilisation massive de connecteurs du type : “Et alors, il prit enfin sa voiture, puis partit dès lors qu’il avait compris qu’il ne pouvait plus faire demi-tour.” Cela nuit au texte. Préférez plutôt : “Il prit sa voiture et partit. Il avait compris que faire demi-tour n’était plus possible.”

Nouveaux Corps – Appel à textes

★Thème « Métamorphoses du corps contemporain » [exemples : les perturbateurs endocriniens, les Organismes Génétiquement Modifiés (OGM), la pollution, le véganisme, la chirurgie esthétique ou réparatrice, le tatouage, la marchandisation du corps, le culturisme, les prothèses, les nouvelles technologies, etc.]


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