Mode d’emploi [1] – Atelier d’écriture créative

Voici des productions d’ateliers d’écriture nées du partenariat avec les Cahiers de l’Asphalte. Nous vous révélons les secrets de cet atelier en vous présentant les créations de Nathalie et de Carole Pelé dont le texte « Sous nos pieds, les pavés » a été publié dans l’oeuvre collective Mai 2018 : Dernier inventaire avant la Révolution.
Dans la rue
Ecrivez de 3 à 5 mots de ce que l’on retrouve dans le paysage urbain par bout de papier.
Chacun pioche deux éléments et donne une définition synthétique dans l’esprit de ce graffiti (une ligne maximum par définition) :
« Le métro est une boîte à gens qui va très vite. »
GRIS : esprit de flânerie.
TROTTOIR : moment d’attente de l’autre, une cigarette à la bouche.
A partir de « Nous sommes le pouvoir », écrivez « Je suis… » et complétez.
« Nous sommes le pouvoir »
Je suis exentrique, auteure, marionnettes.
Je suis vaillante
Je suis bataille
Je suis cordon
Je suis bien
Je suis effrontée, naive, mirobolante
Je suis, si triste
Je suis d’un coup et je repars
Je suis dans le coin du café
Je suis dans l’abstraction des autres
Je suis tiens pas mal ce garçon à l’autre bout du café
Je suis plus amoureuse
Je suis toujours je pense à lui
Je suis je remercie je ne sais quoi pour tout
Je suis merci de prendre soin de ma mère, de mon père, de ma soeur, de mon beau frère, de mon neveu et tout les autres membres de ma famille.
Je suis agenouillée, toujours, les paumes des mains vers le ciel.
Je suis flottante.
Inventez un slogan publicitaire pour Rémanence des mots (Exemples : « R comme girafe ! », « Faites prendre l’R à votre esprit »…)
Rémanence impermanence des mots
Rémanence, jeux, mots.
Les jeux mobiles apparaissent.
Le R des mots.
Un R, des mots.
Le R d’écriture.
EcrituRe.
R.e.m.a.n.e.n.c.e
atelieR d’écRituRe.
e.c.R.i.t.u.Re.
a.t.e.l.i.e.R. d.e.c.R.i.t.u.R.e
Transformez vos slogans publicitaires en slogans pour motiver à lutter (contre ce que vous voulez : l’absence de M&M’s de couleur violette, les flaques d’eau à Paris, l’injustice dans le monde…)
Slogans personnels.
Rames bondées montrons les dents.
Cage à poule, rame de métro.
L’un dans l’autre
Choisissez une forme géométrique.
Attribuez-lui une « fonction » (exemples : individualisme, solidarité, amour, lutte…)
Cohérence.
Attribuez-lui un trait de caractère.
Sage.
Attribuez-lui un trait physique.
Corps dynamique, énergique, vivant.
Attribuez-lui une place dans la société.
Jardinier.
Expliquez-nous comment fonctionne ce personnage dans le cas d’une révolte, une lutte ou une manifestation.
En cas de révolte ou de manifestation, le jardinier jardine. Il continue, inlassablement, de bêcher, retourner, malaxer, sentir, ratisser, s’incorporer, macérer dans la terre. C’est de loin et d’une sourde oreille que le tumulte lui échappe. Lui sait, déjà, comment on en est arrivé là. Loin de l’écho, il réflechit, sans cesse et sans hâte bêche, ratisse, malaxe, incorpore, les bruits de la révolte dans son esprit.
Nous et je (quelques figures de style)
Créez autant de figures de style que possible.
Hyperbole : Il réfléchit comme cent réfléchissent.
Zeugme : Il ratisse large mais gagne mal sa croûte.
Prétérition : Je ne sais pas si je suis bon, mais je jardine à Versailles.
Hyperbate : Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse – et son arrosoir, lui aussi, avait un trou.
Hypallage : Comment, on en est là arrivé : lui sait déjà.
– Carole Pelé
Pour Nathalie, ses textes, issus du même atelier, rassemblés, forment deux textes :
L’autobus, comme l’impose la RATP, roule dans les rues de manière réglementaire en respectant le code de la route, et s’arrête pour prendre et déposer des voyageurs.
Je suis le pavé à côté de la bouche d’égout de la rue de Rivoli, qui a été foulé par Jean Marc, étudiant en mai 68. Je me souviens.
Je suis le slogan le plus crié de mai 68. A vous de deviner qui je suis.
Je ne suis pas le mois de mai de l’année 68 et c’est tant mieux.
Pour qu’un peu de délicatesse arrive dans les transports en commun, signer la pétition : « jeveuxunefleurRATP.com »
Elle sort ses griffes dès qu’elle sent le danger roder autour de ses enfants.
Elle lorgne, renifle, avant de bondir si nécessaire.
Elle attend la maîtresse à la sortie de l’école, prête à la mettre en pièce, et à la dévorer d’un seul coup de dent, en cas de mauvaise note distribuée à ses rejetons.
– Nathalie (à partir des mêmes contraintes que Carole)
▶ Carole & Nathalie participant.e.s aux ateliers d’écriture que nous proposons.
▶ Retrouvez d’autres créations de participants de Rémanence des mots : ici