Texte collectif (2/4)
Texte collectif réalisé à partir de titres de nouvelles de Georges Perec. Les participants enchaînaient plusieurs espèces de cadavres exquis simultanés.
Ryan, qui a toujours rêvé d’être un cadavre, fit le mort. Plus exactement, et à la stupeur générale, il hurla à la mort en plein tournage du dernier épisode de la série « A la vie, à la mort ».
Roc, le réalisateur, interloqué et furieux du comportement de Ryan exigea que l’on refasse la scène du suicide.
Entre deux scènes, le réalisateur partit chercher un seau d’eau. Ryan y plongea la tête, la relèva. Ses cheveux dégoulinèrent sur son col. Pour une prise de vue portrait (plus communément appelée gros plan), c’était parfait. Il donnait l’impression de sortir du lac du Coulé. Mort par noyade ratée, l’épisode de la série se termina « à la vie ».
Le réalisateur aurait voulu montrer son mécontentement et clore cette journée qui avait été un véritable fiasco, mais, malgré lui, face à la tête de Ryan, il partit dans un grand éclat de rire. Les joues bien rouges, l’air étonné, mais les yeux vifs, l’acteur avait l’air de tout sauf d’un mort.
En le voyant ainsi, le réalisateur décida de lui donner le rôle du « pauvre type gentil qui rate tout ».
Ryan ne montra pas son émotion et joua parfaitement le rôle du « pauvre type gentil qui rate tout ». Le réalisateur le félicita pour la première fois du tournage, en pensant en lui-même « Ryan est né pour le rôle ».
De son côté, ce dernier pensait « Je vais te montrer que je ne rate pas tout » et poussa le réalisateur dans le précipice. Celui-ci put se tenir à un cintre et vit Ryan tenir dans le vide, entraîné par son mouvement.
Une fois rétabli, il demanda, sans y croire, au caméraman s’il avait pu filmer cet épisode. Oui ! Deux grandes scènes en une journée pour Ryan, c’était plus que toute sa carrière. Peut-être aura-t-il un César d’honneur posthume. Elisabeth prévint ses parents de l’accident.
Participants aux ateliers d'écriture
Retrouvez d'autres créations de participants de Rémanence des mots : ici