Compte d’auteur et auto-édition – CHAÎNE DU LIVRE [3]
L’édition à compte d’auteur : L’auteur couvre lui-même les frais d’impression et de communication mais fait appel à un éditeur professionnel qui aura la charge de la partie technique : échange avec le maquettiste et l’imprimeur, mise en relation avec le diffuseur, etc.
L’auto-édition : L’auteur engage les frais et réalise lui-même toutes les étapes de la chaîne du livre. Cela représente un travail colossal. Avec la numérisation, l’autoédition devient plus accessible. En effet, certains processus sont accélérés. Néanmoins, les difficultés restent nombreuses tant les tâches sont différentes et exigeantes. De plus, le livre numérique ne garantit pas le succès. Il est difficile de mettre en valeur une œuvre noyée dans la masse. Dans le cas où l’auteur connaît déjà une certaine renommée (visibilité sur le Net, publications antérieures), l’autoédition peut générer des revenus plus importants. L’autoédition permet aussi de publier des œuvres qui n’entrent pas dans la ligne éditoriale des éditeurs traditionnels.
Avantages et inconvénients de l’auto-édition [Interview]
Rémanence des mots est plus sensible à un modèle d’édition traditionnel (à compte d’éditeur) pour des raisons d’exigence littéraire (l’expertise d’un éditeur et cette altérité dans le processus créatif nous paraissent importants). Pour autant, il existe des projets qui ne rencontrent pas aisément leur maison d’édition et l’autonomie peut faciliter l’accès à ses lecteurs. De plus, le développement de l’auto-édition, en lien avec Internet et les supports immatériels, nous interpelle. C’est pourquoi nous avons échangé avec un professionnel du secteur : Olivier Morel de « Publier son livre.fr » Il nous explique avec franchise comment fonctionne l’auto-édition et un peu de son métier qui consiste à accompagner les personnes dans leur démarche d’auto-édition.
Rémanence – Pour quelles raisons peut-on envisager l’auto-édition ?
L’auto-édition est aujourd’hui l’opportunité la plus facile et rapide qu’ont les auteurs pour publier leur livre. Auto-éditer son livre, c’est le diffuser sur les librairies en ligne, en imprimer des exemplaires, et pourquoi pas rendre son livre disponible dans un réseau de librairies physiques plus large. On peut s’auto-éditer seul, ou avec l’aide d’un intermédiaire, qui prend en charge le travail de création de couverture, mise en forme du fichier, et distribution du livre.
R – Depuis quand et comment s’est développée l’auto-publication en France ?
L’auto-édition a toujours existé, pour les auteurs qui imprimaient quelques exemplaires de leur livre auprès d’un imprimeur. Elle s’est véritablement développée avec à Amazon qui a ouvert sa plateforme à tous les auteurs en 2011 et a popularisé le terme d’auto-édition.
R – Que retenez-vous de votre expérience américaine ?
Aux Etats-Unis, les premières places du classement de ventes de livres sont souvent occupées par des auteurs indépendants. Et ce, dans tous les domaines : romans, poésie, livres pratiques… C’est une tendance qui est appelée à se développer en France. Mais les auteurs doivent encore travailler sur la qualité de leurs publications (tant sur le fond que sur la forme) pour pouvoir ravir les premières places et gagner une forte visibilité.
R – Qu’est-ce qui diffère de l’édition traditionnelle ?
L’auteur conserve tous ses droits en auto-édition, et touche en moyenne 70 % du prix de vente. La publication y est aussi plus rapide. En revanche, la promotion est à réaliser soi-même, et les auteurs sont souvent démunis face au manque de retombées.
Je suis convaincu qu’il faut envisager l’auto-édition comme un complément à l’édition, une porte d’entrée pour créer sa réputation d’auteur. D’ailleurs, les éditeurs prennent maintenant le réflexe de consulter les meilleurs auteurs indépendants et proposent des contrats.
R – A quelles plateformes d’édition s’adresser ?
Il existe plusieurs plateformes d’auto-édition, que l’on trouve facilement sur Internet. J’ai d’ailleurs réalisé un comparatif de celles-ci.
A travers mon blog, j’aide les auteurs à s’auto-éditer ou à promouvoir leur livre.
R – Comment se faire connaître ?
Un auteur se fait connaître grâce à un travail patient et de long terme. Il faut commencer (même avant la publication) par se créer un réseau de lecteurs sur sa thématique, et de personnes intéressées. Cela peut se faire avec un blog d’auteur, une page Facebook, une chaîne YouTube, ou une simple mailing-liste, mais il ne faut pas tout faire à la fois.
Le plus important est d’avoir une communication en accord avec sa cible de lecteurs. Il faut se demander « Pour qui est-ce que j’écris ? ».
R – Jusqu’à quel point suis-je autonome dans l’auto-édition ?
L’autonomie est totale, si ce n’est la dépendance aux plateformes qui vendent le livre (Amazon, fnac.com, iBooks, Google Play…). En revanche, pour un auteur ambitieux, la création d’une couverture de qualité, d’une maquette, le formatage du fichier, et l’optimisation de la description pour le référencement du livre sont des sujets qu’il ne vaut mieux pas aborder seul. Pour espérer vendre son livre, il faut investir un peu d’argent et de temps dans une publication de qualité.
R– Quels rapports puis-je entretenir avec mon lecteur ?
La proximité est la même que pour un auteur édité, si ce n’est que les auteurs indépendants sont généralement plus libres dans leurs actions. Il est essentiel de fidéliser ses lecteurs, et de créer du lien, à tous les niveaux (Internet, rencontres physiques, salons…).
R— Si j’élimine une partie des intervenants et intermédiaires de la chaîne du livre, qu’en est-il de ma rémunération ? Suis-je seulement rémunéré en droits d’auteur ou les revenus se découpent-ils différemment ?
La rémunération en auto-édition se compte en redevances. Les auteurs touchent en moyenne 70 % du prix de vente. C’est une rémunération largement supérieure au montant des droits d’auteurs dans l’édition, mais la promotion doit se faire seul. D’où le besoin d’être professionnel dans son auto-édition, et de bien se former.
R – Auto-publié, peut-on vivre de sa plume ?
Je connais plusieurs auteurs qui vivent de leur plume, et c’est probablement plus accessible que pour un auteur édité. En revanche, il n’y a pas de secrets, ces revenus résultent d’un travail de promotion et d’entretien de sa réputation. Pour en vivre, il faut aussi publier plusieurs livres par an…
R – Qu’est-ce qui vous a poussé à développer un accompagnement à l’auto-édition ?
J’aime le monde du livre et les auteurs. Ils me passionnent. J’aime cette puissance créatrice. J’ai des compétences en marketing, internet et promotion qui leur sont utiles. C’est la rencontre entre deux mondes 🙂
R – Comment avez-vous développé votre méthodologie ? Sur quelle expérience vous basez-vous ?
J’ai beaucoup appris des auteurs américains, et de leurs méthodes. En France, j’ai publié moi aussi en auto-édition et me suis confronté aux mêmes difficultés.
R – Pouvez-vous nous présenter votre démarche et votre site ?
Mon site est d’abord un blog d’informations et de ressources pour tous les auteurs, qui veulent réussir leur publication et promouvoir leur livre. Sa vocation est d’apporter de l’aide. Deux services se sont développés autour du blog : l’auto-édition pour les auteurs, en prenant en charge toutes les démarches, ainsi que la création de la couverture, puis l’assistance à la promotion, grâce à des méthodes qui ont fait leur preuve, et à un coaching qui permet aux auteurs d’avoir le bagage nécessaire pour promouvoir leur livre.
Merci à Olivier Morel pour cet éclairage qui a le mérite de rappeler que l’écriture prend du temps et l’accès à ses lecteurs, aussi !
« Beaucoup de gens ne veulent pas écrire ; ils veulent avoir écrit. En d’autres termes, ils veulent voir leur nom sur la couverture d’un livre et leur photo au dos, avec un joli sourire. Mais ça, c’est ce qui arrive à la fin, quand on a fini son boulot, pas au début. » – Elisabeth George
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Super !!!! Très bon article, des réponses claires et des questions très orientées pratiques ! TOPPP, !
Emilie ! Merci pour votre remarque positive encourageante. C’est bien la pratique et le pratique qui nous préoccupent à Rémanence.