Éditeur un métier polyvalent – CHAÎNE DU LIVRE [4]
« Si vous jugez le livre, le livre vous juge aussi. » Stephen King – Danse Macabre
L’éditeur a la tâche de faire naître le livre. Qu’il publie à échelle industrielle ou artisanale, son rôle est à la fois intellectuel et économique. Toute la chaîne éditoriale est englobée par le terme d’« édition », mais une maison d’édition comprend une multitude d’acteurs qui participent à différentes étapes.
– Comité de lecture : Face à l’abondance de propositions, il s’agit de lire, étudier et déceler les qualités littéraires d’un manuscrit. Lorsque une œuvre suscite l’intérêt d’un éditeur et entre dans la ligne éditoriale définie par la maison d’édition, le texte est discuté avec l’équipe. Puis, un contrat est proposé à l’écrivain.
– Contractualisation : Le contrat d’édition passé entre l’auteur et l’éditeur régule les relations ainsi que la rémunération, les droits d’exploitation de l’ouvrage et de tous les contenus nécessaires à son élaboration, la communication, etc.
– Conception et fabrication : L’éditeur opère un travail de correction, de relecture et de choix éditoriaux de l’ouvrage. Par la suite il coordonne les relations avec graphiste, maquettiste, iconographe, imprimeur, pour parvenir à l’aboutissement de l’œuvre. Il y a des choix de contenu, mais aussi de formes, de couverture, d’images…
– Correction : Avant publication, évidemment, l’éditeur fait appel à un correcteur dont le travail est de vérifier le respect de la langue française sur les plans orthographiques et grammaticaux ainsi que les règles de typographie, sans dénaturer la part créative de l’auteur.
– Commercialisation : La maison d’édition travaille avec les différents canaux de distributions, diffuseurs et distributeurs afin d’assurer la commercialisation de l’ouvrage. De plus, elle conçoit l’argumentaire commercial et les outils pour le diffuser.
L’éditeur remplit à la fois les missions d’un entrepreneur et d’un technicien (selon la structure dans laquelle il intervient). Il coordonne toutes les étapes de la fabrication jusqu’à la commercialisation. Le livre est sans conteste un objet commercial : il représente un risque et un pari financier pour l’éditeur. Celui-ci assume ses investissements, sa ligne éditoriale, culturelle (qui ne sont pas toujours rentables mais peuvent être compensés par la vente plus importante d’autres titres). L’indépendance de celui-ci se mesure à ses choix de publications, sa volonté de faire découvrir de nouveaux talents, porter de nouveaux mouvements artistiques.
Le marché du livre
La moitié des 8000 structures éditoriales en France ont pour activité principale l’édition. On distingue les « grandes maisons » (à peu près 20) qui possèdent un large choix de titres, des « petites structures », plus spécialisées, des éditeurs indépendants dont la caractéristique est la proximité avec les auteurs et les lecteurs. 80 % du chiffre d’affaires des ventes de livres est concentré entre une dizaine de maisons d’édition et, très souvent, c’est près de 20 % de la production qui assure les 80 % de CA.
L’apparition du numérique a apporté de nouvelles possibilités de marché mais aussi de nouvelles contraintes. L’offre s’est considérablement développée, de même que les domaines proposés. Aujourd’hui la plupart des meilleures ventes sont présentes sous format numérique mais leur part dans le chiffre d’affaires des éditeurs reste très faible (5 À 10%).
Le numérique offre de nouvelles techniques et suppose donc de nouveaux partenaires pour les éditeurs. Le contenu et sa mise en forme, l’apport de textes, images, sons, impliquent des acteurs spécifiques : développeurs, graphistes et autres spécialistes de l’informatique.
La multitude de supports de lecture (ordinateur, liseuse, tablette, smartphone…), liés aux évolutions technologiques, transforment les pratiques éditoriales et créent quantité de formats. L’IDPF (International Digital Publishing) a développé un format universel de publications numériques nommé « EPUB » qui permet à un livre numérique d’être compatible avec tous les supports. Ce n’est pas le seul format commercialisé car la masse des différents canaux de lecture et de vente induisent des supports et des environnements différents. Aujourd’hui, des concepts innovants proposent des applications interactives qui enrichissent les livres numériques, par exemple, l’application « Iclassic » propose des auteurs phares sans modifications apportée au contenu mais avec une lecture immersive et interactive.
Le livre numérique est bien évidemment assujetti au cadre légal des droits d’auteurs et de la propriété intellectuelle. L’exploitation des droits numériques est prévue entre l’éditeur et l’auteur dans le contrat d’édition ou peut faire l’objet de cessions de droits entre l’éditeur et l’éditeur numérique. Comme tous les biens sous forme numérique, ils peuvent être l’objet de piratage. Pour lutter contre, l’offre légale doit être attrayante, sécurisée par le cryptage du fichier ou son traçage et surveillée pas des algorithmes qui permettent de retrouver les hébergeurs de contenu illégaux.
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