Le genre fantastique (tentative de définition)
Qu’est-ce que le genre fantastique ?
Tentons de définir le fantastique (et ainsi révéler les limites d’une définition) en s’appuyant sur la classification réalisée par un critique français (d’origine bulgare), très célèbre (et qui a inspiré les théories mondiales), Tzvetan Todorov (décédé récemment). Il répartit les récits surnaturels en trois catégories (aussi appelées des genres) :
1/ Le merveilleux : Les phénomènes surnaturels se produisent sans explication rationnelle. En général, c’est un monde imaginaire totalement reconstitué.
Exemple : Le seigneur des anneaux de Tolkien
2/ L’étrange : Les phénomènes surnaturels obtiennent une explication rationnelle.
Exemple : Frankenstein de Mary Shelley
3/ Le fantastique : La narration hésite entre une explication naturelle et une explication surnaturelle.
Le fantastique travaille sur la frontière et, bien souvent, introduit un élément étrange/étonnant/inattendu dans un contexte quotidien/ordinaire. C’est aussi un genre très codé au cinéma et on peut jouer avec ces codes dans l’écriture :
- Jeu sur les contrastes et les doubles : jour/nuit, gentil/méchant, grand/petit…
- Introduction d’une notion symbolique de frontière (franchissement d’un pont, d’une forêt, ascension, passage d’une pièce à une autre, présence d’un miroir, etc.)
- Présence d’objets symboliques à puissance magique (miroir, bouton de nacre, livre sacré, etc.)
Exemple : William Wilson d’Edgar Allan Poe
Les cas-limites
Parfois, le phénomène ou l’atmosphère étrange est quasi-imperceptible, et, pourtant, on n’a pas d’explication. C’est le cas, notamment de deux nouvelles que je vous recommande pour leurs différentes approches :
- La bête dans la jungle d’Henry James (une réflexion sur l’amour) ;
- Le poil de Raymond Carver (qui écrit des nouvelles du quotidien et a un style très simple, percutant et fluide).
Le cas Harry Potter
Certains romans échappent à cette classification, ou au contraire, les embrassent toutes. C’est le cas de Harry Potter. Il appartient à un monde ordinaire, le nôtre. Et surgissent des phénomènes surnaturels qui d’abord échappent à toute explication dans ce monde ordinaire. On peut parler de fantastique. À partir du moment où il rejoint le monde peuplé de monstres (issus de la mythologie) et que l’environnement se distingue totalement du nôtre, il obtient des explications aux phénomènes surnaturels qui sont rationnelles (étrange) dans ce contexte et on plonge dans le merveilleux.
Conclusion
Il est toujours difficile de définir un genre, parce qu’un texte est autonome (et heureusement) mais il existe des tendances sur lesquelles s’appuyer. Les codes d’un genre peuvent tous être employés ou on peut jouer à les estomper, les nuancer. L’effet sur le lecteur sera différent évidemment.
« Le fantastique n’a d’intérêt que parce qu’il surgit du réel et l’enlace. » – Salman Rushdie
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