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Raymond Carver, l’homme qui avait appris à écrire

Les conseils d’écriture de l’auteur américain Raymond Carver

 

Raymond Carver, l’homme qui avait appris à écrire - livre

Raymond Carver [1938 – 1988] n’a jamais écrit ou publié de roman. Il n’a pas écrit de récits d’aventures spectaculaires ou haletantes.

Raymond Carver a écrit sur les couples en difficulté, les problèmes d’argent, les parents en crise, l’alcoolisme… 

Il n’a pas publié du premier coup, ni du deuxième, ni du troisième, ni du quatrième… Et pourtant, Raymond Carver a réhabilité la nouvelle à une époque où elle était reléguée au second plan aux Etats-Unis. Il a imposé la singularité de son style entraînant une succession d’imitateurs. Le quotidien a influé sur son processus d’écriture. Son écriture raconte le quotidien à travers des scènes qui concentrent toutes les tensions des personnages ou de leur itinéraire intime.

Pour Carver, l’écriture c’est « Un peu d’autobiographie et beaucoup de fiction » !

 

Les premiers élans littéraires de Raymond Carver

Le père de Raymond Carver rêvait de devenir mécanicien de train. La Grande Dépression le poussera à réviser ses ambitions à la baisse : Il travaillera à la scierie. A Raymond de conclure « Je crois qu’il ne rêvait pas beaucoup. Il était simplement en quête d’un emploi stable et correctement payé. » Voilà une considération qui irriguera toute la vie de l’écrivain américain. C’est dans l’Etat de Washington, ce territoire partagé entre les terrains d’entraînement de l’armée (essais nucléaires notamment), les chaînes de cascade et le désert, que Raymond Carver grandira. Le paysage peut sembler dévasté de l’extérieur mais ce qui marquera Carver et transpirera dans ses écrits, ce sont les habitants de ce territoire et leur intimité.

« Cette existence et ces gens que je connaissais si intimement ont laissé une empreinte vaste et profonde dans ma vie émotionnelle, c’est pourquoi je reviens toujours à cette époque […] et peux revendiquer au fond de mon cœur les histoires que j’écris, c’est bien grâce à ces gens-là. »

La vie était rude pour la famille Carver et bientôt l’alcool rythmera le quotidien du père. Souffrant d’obésité, Raymond prenait des médicaments à base d’amphétamines, efficaces mais premières traces de dépendance, suivis ensuite de la cigarette. Elève médiocre, le jeune Raymond préférait le cinéma. Un cours, en particulier, attirait son attention : le cours de production radiophonique. Le jeune homme avait collecté des interviews déjà enregistrées pour créer un montage à effet comique. C’était déjà un jeu d’écriture créative. Puis, peu à peu, le désir d’écrire s’exprima. Ses parents décidèrent alors de l’inscrire à un cours d’écriture littéraire à distance pour 25 $. La première leçon était « Eléments essentiels d’une nouvelle et comment les développer ? » Les sessions se déclinaient ainsi : « Désir & opposition ; Sur quoi écrire ? ; Thème ; Motivation ; Point de vue ; Scénario ; Personnages… »

Si les techniques et les conseils d’écriture relevaient presque du développement personnel promettant le succès, ils avaient le mérite de poser les bases d’une structure narrative et stimuler l’écriture de Raymond Carver. Il trouvait dans ces cours d’écriture par correspondance des entrées littéraires avec des instructions précises et des exemples pertinents de fiction contemporaine de laquelle s’inspirer. Il découvrait la mécanique de l’écriture et s’y plongeait concrètement. Carver posa ainsi les premiers jalons de sa sensibilité littéraire. Ce qu’il est intéressant d’observer, c’est la manière dont Carver s’appropria les conseils littéraires et comment ils constituèrent ses motivations techniques. La méthode d’écriture qu’il recevait recommandait une certaine économie des mots. Il retiendra notamment qu’une histoire fonctionne lorsque le lecteur a l’espace pour se mettre à la place du personnage.

Apprendre l’écriture : des cours par correspondance au Creative Writing à l’université

En 1955, Raymond Carver rencontra Maryann. Ils partageaient un goût pour la littérature et lisaient ensemble, notamment, « La Dame au petit chien » de Tchekhov, Flaubert, Anna Karéninede Tolstoï, Crime et châtiment de Dostoïevski. Ils se marièrent vite et eurent rapidement un enfant, puis un deuxième : « Ma femme était enceinte. Nous étions ravis / au-delà de toute mesure… » Il faut donc travailler pour la vie de la famille.

Raymond Carver, l’homme qui avait appris à écrire - école

Les cours par correspondance ne suffirent pas à guider Raymond Carver dans son écriture. Il chercha à affiner son style, acquérir des outils techniques littéraires. En parallèle des petits boulots qu’ils exerçaient avec son épouse, Raymond Carver s’inscrivitt aux cours d’écriture créative (Creative Writing) de l’Université de l’Ohio. Les cours étaient assurés par l’écrivain John Gardner qui, à l’époque, n’avait pas encore publié [auteur du livre de conseil d’écriture : Art of fictionnotamment]. Les qualités d’un écrivain, selon le professeur, étaient : « […] sensibilité aux mots, regard affûté et un peu de cette intelligence particulière dont sont pourvus les conteurs… » Il enseignait les structures narratives traditionnelles en résumant les intrigues avec des diagrammes, auxquels Carver était peu sensible.

Au contact de Gardner, Carver comprit comment pouvait s’aborder une carrière d’écrivain. Pour commencer, il fallait envoyer ses nouvelles aux petites revues. Gardner avait remarqué que Carver rencontrait des difficultés pour écrire. Aussi, il lui offrit la possibilité d’occuper son bureau pour travailler à ses écrits. Cet acte généreux eut un effet stimulant sur le jeune auteur. Au-delà de la méthodologie d’écriture et des conseils littéraires qu’il transmettait en cours, Gardner lisait les textes de ses étudiants et faisait des retours critiques constructifs mais intransigeants. Il n’hésitait pas à barrer des mots, des groupes de mots, voire des phrases entières. Il utilisait les crochets pour souligner les éléments à discuter. Il ajoutait des mots pour éclaircir une phrase, une idée. Pour lui, le placement d’une virgule pouvait faire l’objet d’une discussion interminable. Gardner allait à la chasse aux mots placés pour leur apparente (et trompeuse) poésie, parce qu’ils étaient beaux ou sophistiqués. Il poussait les auteurs à les remplacer par des mots plus communs, plus directs et, par conséquent, au service de la phrase. Il permettait à Carver de resserrer ses phrases.

Gardner défendait également une éthique d’écriture. Pour lui, « […] si les mots et les sentiments étaient insincères, si l’auteur usait d’artifices, s’il parlait de choses qui ne le touchaient pas vraiment, son histoire ne trouverait aucune espèce d’écho. » Et puis, il menait les étudiants à la lucidité. Il leur expliquait qu’un auteur même sérieux et passionné, pouvait risquer de ne jamais être publié. Il transmit à Carver une méthode pour repérer ce qui pouvait ne pas coller dans ses textes.

Il suivra deux ans après les cours de création littéraire de Dick Day. Il demandait à chacun de partager des récits aux autres. Pour le professeur, l’essentiel était le travail du détail concrètement ancré dans la réalité. Il reconnut immédiatement le talent de Carver. Le jour Raymond Carver allait en cours, la nuit, il travaillait à la scierie. C’était difficile, d’autant que le couple ne parvenait pas à trouver d’équilibre financier. La ferveur de Raymond Carver était cependant permanente. Il lisait avec avidité Tchekhov, Kafka, Hemingway pour essayer de décortiquer les textes et identifier les effets linguistiques, les partis pris narratifs et les comprendre. Day incita Carver à chercher des sujets près de lui. C’est ainsi que le jeune auteur imagina des récits mettant en scène des familles pauvres, des ouvriers dans des scieries…

Les ateliers d’écriture créative les plus prestigieux des Etats-Unis étaient à Iowa City (pionniers) et Raymond Carver rêvait de les intégrer. C’est avec 31 $ en poche, une vieille voiture et deux gosses que Ray et Maryann rejoignirent Iowa City. Carver ne trouva pas sa place dans cette université où était maintenu le système de « perpétuation des élites ». Fils d’ouvrier peinant à lier les deux bouts, il ne trouvait guère d’intérêt aux joutes verbales et autres torsions intellectuelles écartées de la stricte pratique concrète d’écriture. 

Engle, le directeur pédagogique de la formation à l’écriture, estimait que la mission de l’université était d’ôter aux auteurs toute tendresse envers leurs propres textes en leur permettant de les mettre à distance. Cela passait par des critiques parfois virulentes et pouvait avoir pour finalité de bloquer les étudiants dans leur écriture. Malgré sa déception, Carver s’acharna, toujours animé par ce puissant désir d’écrire, désir d’être écrivain que rien ne viendra vraiment contrarier (seulement retarder parfois).

 

Les contraintes du quotidien transformées en contraintes littéraires

La présence des enfants dans la vie de l’écrivain représentait un poids. A cela s’associait le manque d’argent. La conséquence directe sur son écriture est un caractère d’urgence, une nécessité d’économie du temps. C’est ce qui l’entraîna vers les formes d’écriture courtes : nouvelles et poésie. Il identifiait une « angoisse permanente qui empêche de fixer son attention durablement sur quoi que ce soit » et un manque terrible de patience. Des raisons qui l’auront écarté du roman.

Raymond Carver, l’homme qui avait appris à écrire - pages

« J’ai compris, quand mes enfants étaient petits et que nous n’avions pas d’argent, alors que nous travaillions de tout notre cœur et que ça ne nous rapportait rien, qu’il y avait des choses plus importantes qu’écrire une nouvelle ou un poème. Ca a été une prise de conscience très rude pour moi. Mais je devais l’accepter ou mourir. Avoir du lait dans le frigo, de quoi manger et payer le loyer – s’il fallait choisir alors je devais renoncer à l’écriture. » – Raymond Carver

« Ma vie était très précaire, je voulais m’atteler à quelque chose dont je verrais la fin – j’avais besoin de finir les choses rapidement. » – Raymond Carver

Si la famille impliquait des responsabilités pesantes, elle était aussi source de réconfort. Son épouse, Maryann, était la première lectrice de Ray et réalisait des corrections à même le manuscrit. C’est ainsi qu’ils disaient « affûter » le texte. Il prenait autant de plaisir à écrire qu’à récrire et réfléchir à ce qu’il écrivait. Malgré l’approche rude de la formation au Creative Writing, Raymond Carver parvint à publier trois nouvelles et deux poèmes dans des revues nationales respectées.

Pour une question de temps, certainement, Carver ne pouvait faire de recherches sur un sujet. Alors il se servait de son propre matériau intime pour écrire. Il combinait des anecdotes ou moments disparates de sa vie qu’il exacerbait ou transformait. Il insufflait de la fiction dans le réel.

Les cours d’écriture avec le professeur MacMahon étaient radicaux : « Ce que je commence à dire à tout écrivain qui me présente son manuscrit c’est : supprimez la première page ! » Les autres étudiants frémirent, Carver resta impassible. Si écrire est sacré pour l’écrivain, ce qu’il écrit ne l’est pas. Retirer une page ou plus ne l’effrayait pas. MacMahon, auteur de nouvelles irlandais, prodiguait de nombreux conseils à ses étudiants et, notamment, celui d’apprendre un mot par jour. Il encouragea Carver.

Raymond Carver buvait tous les jours. Il était devenu alcoolique. Sur ce sujet, il sera très honnête, plus tard, « Soyons clair : boire ne permet pas de créer. C’est même le contraire. C’est désastreux. C’est un handicap terrible. » S’il ne trouvait pas de solutions dans la vie, il travaillait les épisodes de vie de ses personnages et les mène au nœud d’un moment.

Après avoir accumulé des petits boulots, Raymond Carver obtint un poste dans une maison d’édition de manuels scolaires. Il devait réduire et synthétiser les textes pour qu’ils soient plus courts et accessibles. C’est une expérience professionnelle qui peut avoir contribué à lui permettre d’exercer une gymnastique d’écriture.

Puis Raymond Carver obtint son premier contrat d’éditeur. Sa nouvelle « Tais-toi je t’en supplie » avait été sélectionnée par la maison d’édition Hougton Miflin pour figurer parmi d’autres textes dans le recueil annuel Best American Short Stories.

Gordon Lish, l’éditeur de Raymond Carver

Rédacteur d’un manuel de grammaire, Gordon Lish avait ainsi développé son sens de la phrase. Pour lui, l’écriture exigeait une « analyse d’une précision scrupuleuse des moteurs de la phrase en anglais et en américain. » Ami de Ray, il accepta de lire plusieurs de ses manuscrits et les lui renvoya systématiquement remplis de commentaires et de rayures.

Grand lecteur, il cherchait à lire des textes qui tiennent en une situation avec une voix précise. Devenu éditeur, très vite, il sut identifier les grands écrivains. Il n’hésitait pas à réclamer des réécritures totales mais aussi à réinventer l’image de l’auteur. Il présenta Gardner comme « un petit paysan californien qui fait ses premiers pas dans l’écriture. », ce qui était faux ! Avec Carver, il était intransigeant et incisif. Il aura fallu plus de dix ans d’échanges et de retours littéraires, avant que Gordon Lish ne publie un texte de Carver.

Vu comme un gourou de l’édition new-yorkaise et de l’enseignement, qualifié de « sévère » et « sadique » par ses étudiants, identifié comme « autoritaire » et « radical » par les écrivains qu’il publiait, Carver resta toujours reconnaissant à l’égard de son ami, Gordon Lish. Celui-ci s’attribuait le mérite du style de Raymond. S’il est vrai qu’il contribua au renforcement des tendances de Carver, néanmoins, il est abusif de restreindre les (re)sources littéraires de Ray à son éditeur.  L’écrivain resta fidèle à son ami, même après avoir décidé de publier une version sans les retouches d’édition des Débutants.

L’écriture de Raymond Carver – Nouvelliste de l’ordinaire

L’auteur peint l’ordinaire. Un ordinaire qui, cependant, se fissure. Il isole un détail concret, matériel, et y relie tout un ensemble d’événements. Il renforce l’effet de ce détail en éliminent tout ce qui est accessoire, superflu afin de réduire le texte au maximum. D’ailleurs, une nouvelle naît d’une phrase, cette phrase offre un millier de possibilité. Et il ne choisit qu’une possibilité. Il ne travaille pas par addition mais par soustraction. Il dit quand même « laisser un peu de chair ». S’il réduit à l’essentiel, il conserve quand même une ligne de force, celle que trace le détail, le point de départ.

Raymond Carver explique que le premier jet peut faire 40 pages puis, à force de réduction, le texte ne contient plus que 10 pages.

Il ne fait pas qu’ôter des mots ; il en ajoute ; il réajuste ; il réaménage le texte. « Ne dis pas en vingt-cinq mots ce que tu peux dire en quinze. » – John Gardner Selon Carver, réduire c’est rendre plus fort, plus visible, plus lisible et plus immédiatement perçu par le lecteur. C’est une entrée en communication.

Raymond Carver, l’homme qui avait appris à écrire - bureau

Une écriture de l’honnêteté

La base d’écriture de Carver est l’honnêteté. Selon lui, il faut avoir un intérêt pour son sujet. Ecrire sur la mort d’un personnage dont on se fiche manquera d’authenticité. Ecrire sur un événement que l’on n’a pas vécu, d’après Carver, c’est possible. Ce n’est pas mentir que de se projeter. Il suffit de partir de la peur d’un événement pour, avec la force de l’imagination, le créer en toute authenticité.

« Tout écrivain qui se respecte se sert de son imagination pour convaincre le lecteur. »

 

Les sujets d’écriture

L’honnêteté tient dans le sujet, le rapport au sujet et le lien que l’on crée avec le lecteur. Raymond Carver le présente ainsi : « Quand un auteur ne veut pas vraiment communiquer quelque chose mais seulement s’exprimer, et plus ou moins bien, il peut aussi bien le faire en brayant au coin de la rue. » L’écrivain va se concentrer sur les relations intimes, à des moments de fissure, voire de rupture car « Les choses essentielles sont souvent les choses intimes ». Il met en scène les sentiments mais sans sentimentalisme.

 

Le rythme littéraire

Il ne faut pas seulement retenir l’économie des mots de Carver. Il est important de prendre conscience de son sens du rythme. C’est bien la combinaison des mots qui crée cet effet de précision et de justesse. L’auteur explique que ses oreilles interviennent dans son processus de création : « Quand je lis ce que j’écris, je le fais autant avec mes oreilles qu’avec mes yeux. J’ai l’oreille pour les passages narratifs et pour les dialogues. » La ponctuation conditionne en partie le travail de la combinaison. Le placement d’une virgule, comme le lui a enseigné Gardner, peut être essentiel au rythme et au sens d’une phrase.

 

De la phrase à l’image

Pour Carver, l’écriture de nouvelle et de poésie relève du même processus : « Les enjeux de l’écriture, la concision de la langue, la maîtrise des émotions, l’attention et la concentration qu’ils réclament, les rendent très proches. » Si la poésie est régie par les images, la nouvelle part d’une phrase et la ou les images qui vont naître en sont une conséquence naturelle. Carver ne cherche pas de symbole ou de message caché. Tout est condensé dans les nœuds du récit. Il est important pour l’écrivain que les personnages vivent des situations concrètes. Les objets triviaux (cuillère, télé, paquet de cigarettes) ne sont pas posés comme simples éléments de décor. « Il faut leur donner du poids, les relier aux vies de ceux qui les utilisent. Ces objets ont un rôle à jouer dans la nouvelle ».

La construction narrative d’une nouvelle

Pour construire une nouvelle, Carver ne suit pas le schéma narratif traditionnel. Pas par opposition au principe de « Introduction / conflit / développement / résolution », au contraire l’écrivain l’admire, mais parce qu’il met en scène des personnages pour lesquels il n’y a pas de conclusion. Il reconnaît cependant que la nouvelle peut répondre par elle-même aux problèmes et aux conflits.

 

Le ton des personnages

Chez Carver – et dans tout récit en général – les personnages sont au cœur de tout. Carver ne va pas uniquement traiter ce qu’ils disent mais commentils le disent et pourquoi. Il leur donne un ton et c’est ce qui participe de leur présence. Pour autant, les personnages n’imitent pas le parléde la vie.

 

Ellipses et non-dits dans les nouvelles de Carver

« Je m’ennuie facilement et la prose trop compliquée ou pompeuse m’assomme. »

Voilà qui oriente l’esthétique de Carver ! C’est parce qu’il cherche à progresser rapidement dans la narration que Raymond Carver ne s’attarde pas sur des développements qu’il juge inutiles. A travers les ellipses et les non-dits, le nouvelliste concentre les nœuds des personnages. « Les nouvelles servent à donner un aperçu de l’existence. » et l’existence est prise au vol, il y a des événements qui précèdent, des événements qui suivront. Raymond le traduit parfaitement. Les raisons du comportement des personnages ne sont pas étudiées. Les comportements ont lieu à un moment ; ils sont certainement reliés à des comportements antérieurs mais ce n’est pas ce qui intéresse Carver. Lui, il se concentre sur le moment.

Dialogues ?

Les dialogues remplissent un rôle précis dans les nouvelles de Carver. Ils doivent « faire progresser l’intrigue et éclairer les personnages ». Il aime, notamment, les dialogues où les personnages ne s’écoutent pas. Cela est signifiant. Cela raconte comment s’instaure la relation entre les personnages. Les personnages de Carver se retrouvent souvent dans la situation où ils ne parviennent pas vraiment à dire ce qu’ils veulent dire, par maladresse, à cause de circonstances particulières… Il traite avec aisance les malentendus mais ne néglige pas ce que transporte la narration : le langage non-verbal.

C’est certainement ce sens du dialogue, du non verbal du concret qui a séduit le cinéma. Raymond Carver a eu des expériences infructueuses de scénariste pour le cinéma mais Robert Altman a sortir Short Cuts (avec Tom Waits, Julianne Moore, Andy MacDowell et Robet Downey Junior notamment) issu de plusieurs nouvelles de Carver, en 1993.

Raymond Carver est décédé en 1988 des suites d’un cancer du poumon. Carver aura mis des années à trouver équilibre et sérénité. Il aura vaincu l’alcoolisme, se sera remarié, aura connu le succès et le confort financier. Il aura vu les dernières années de sa vie comme les plus épanouissantes d’un point de vue personnel, créatif et professionnel. Aujourd’hui, le grand auteur américain est une référence et une source d’inspiration.

A lire

Sur l’écriture de Raymond Carver

Raymond Carver – une vie d’écrivain de Carol Sklenicka

Raymond Carver – Grandir et durer, Conversations with Raymond Carver

Tais-toi, je t’en prie

Parlez-moi d’amour

Les Vitamines du bonheur

Les Trois Roses jaunes

Qu’est-ce que vous voulez voir ?

Débutants

 

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Short Cuts de Robert Altman

 

A écouter « De la littérature en Amérique » – France Culture


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