Anacoluthe [Figure de style]
Avant d’être l’insulte préférée du Capitaine Haddock dans Tintin, l’anacoluthe est une erreur grammaticale qui, maîtrisée dans la littérature, devient une marque de style. Il s’agit d’une rupture dans la construction de la phrase. La fin de la phrase n’est pas en accord avec le début, malgré la logique de sens.
Exemples d’auteurs célèbres
« Les autres éternellement sur nous, j’étouffe ! » – Paul Claudel [On croit identifier un premier sujet ‘les autres’ mais un nouveau sujet est introduit ‘j’étouffe’.]
« Exilé sur le sol au milieu des huées / Ses ailes de géant l’empêchent de marcher» – Charles Baudelaire
« Disjointes, ce que l’on devinait entre elles faisait détourner le regard » – Jean Echenoz
« Et au moment où, parvenus sur la terrasse, leur regard se perdit d’un coup au-delà de la palmeraie, dans l’horizon immense, il sembla à Janine que le ciel entier retentissait d’une seule note éclatante et brève dont les échos peu à peu remplirent l’espace au-dessus d’elle, puis se turent subitement pour la laisser silencieuse devant l’étendue sans limites. » – Albert Camus
« En retard, mes jambes ne tenaient plus debout. » – Rémanence des mots
A quoi sert l’anacoluthe ?
L’anacoluthe permet de varier le rythme des phrases, d’alléger le style, en donnant une impression d’inversion. Cela permet d’introduire (plus ou moins artificiellement) une marque de l’oral et de dynamiser le texte. En créant une rupture au sein même de sa construction, la phrase avec anacoluthe, reproduit le fil des pensées et crée une intimité entre le lecteur et le texte. L’émotion, la surprise s’affichent dans la construction même de la phrase, s’affranchissant des marques de ponctuation.
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