L’avenir du télétravail

L’avenir du télétravail Post-COVID ?

Pendant la période de confinement, puis de déconfinement, à la suite de la crise sanitaire liée au COVID-19, de nombreuses entreprises ont dû, dans l’urgence, organiser le télétravail de leurs salariés. Si 4 millions d’actifs en France profitaient déjà d’un aménagement en télétravail partiel ou total auparavant, travailler à distance a été une nouveauté pour de nombreux employés.

Le travail à distance, facilité par les technologies, répond-il à une tendance managériale durable ? Le confinement aurait-il définitivement bousculé les conditions de travail ? Le télétravail combine effets positifs et effets négatifs. Le caractère urgent de sa mise en place pousse les RH et les managers à s’interroger sur son organisation et son encadrement.


TELETRAVAIL, COMMENT CA MARCHE ? 

De nombreux professionnels ont découvert le télétravail pendant la période de confinement et de déconfinement. Pourtant, les freelance, travailleurs indépendants, auto-entrepreneurs, chefs d’entreprise sont nombreux à pratiquer le travail à la maison. Et un grand nombre d’actifs pratiquent déjà le télétravail. Cela donne lieu, bien sûr, à une organisation de la part de l’employeur pour agir en conformité avec la législation et maintenir la motivation de son employé.

Le télétravail est un moyen de travailler en dehors des locaux de l’entreprise. Il s’agit donc de s’appuyer sur les technologies de l’information et de la communication (TIC) pour assurer ses fonctions et maintenir un lien avec ses collègues et sa hiérarchie. Le professionnel peut travailler de son domicile, mais également d’un espace de travail collectif (co-working) ou un café par exemple. Les conditions sont régies par la convention signée avec l’entreprise.

La Loi n° 2018-771 du 5 septembre 2018 est destinée à encourager le télétravail dans une logique environnementale et de bien-être au travail. Cette loi a vocation à assurer la liberté de choisir son avenir professionnel. Elle facilite la mise en place du télétravail pour les entreprises et son accès pour les salariés.

Néanmoins, tous les métiers ne sont pas convertibles en télétravail comme le fait remarquer François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME, ex CGPME) depuis le 21 janvier 2015, sur France Inter le 13 mars 2020 :

« Toutes les fonctions support de l’entreprise peuvent être mises en télétravail. Mais pétrir du pain ou construire un chantier à distance, c’est difficile. Ca restera marginal par rapport aux 28 millions d’actifs qu’il y a dans notre pays. »

Tout ce qui relève des tâches du secteur tertiaire est-il déclinable en télétravail ?


Télétravail pendant le confinement : règlementation

L’état d’urgence ayant été proclamé pour répondre à la crise sanitaire, un assouplissement défini par le code du travail a encouragé les sociétés à s’adapter à la situation inédite. L’article L. 1222-11 du code du travail définit que toute « circonstance exceptionnelle permet d’imposer le télétravail au salarié sans son accord ». En effet, la menace de la propagation d’un virus correspond à cette circonstance.

C’est donc dans la précipitation, sans aucune formation des équipes à domicile, ni des managers, dans un contexte anxiogène, mais soutenues par la législation, que les entreprises ont mis en œuvre le télétravail sans « aucun formalisme particulier » et certainement pas le cadre délimité par l’article L-1222-9 du Code de travail. Ainsi, l’enjeu principal était de maintenir la continuité de l’activité.

Télétravail et code du travail

Le télétravail est une alternative au travail dans les locaux pour faciliter la mobilité du salarié ou lui permettre des conditions moins contraignantes de déplacement. Mais c’est un dispositif qui nécessite une organisation du travail en accord avec la loi. En outre, un accord collectif ou une charte établie par l’employer définit :

  • Les conditions de passage en télétravail – le cas de pollution étant une motivation (au sens de l’article L.223-1 du Code de l’environnement) – et les conditions de retour à l’exécution du contrat de travail sans télétravail.
  • Les modalités d’accord du salarié des conditions de mise en œuvre du télétravail.
  • Les modalités de contrôle du temps de travail et de régulations de la charge de travail.
  • L’établissement des plages horaires durant lesquelles l’employeur peut contacter le salarié en télétravail.
  • Les modalités d’accès des travailleurs handicapés au télétravail.

Organisation du télétravail et obligations de l’employeur

L’organisation du télétravail induit des obligations de la part de l’employeur et de l’employé :

  • D’informer l’employé de toute restriction à l’usage d’équipements ou outils informatiques ou de services de communication électronique et des sanctions en cas de non-respect de telles restrictions.
  • De donner priorité au salarié à occuper ou reprendre un poste sans télétravail qui corresponde à ses qualifications et compétences professionnelles et de porter à sa connaissance la disponibilité de tout poste de cette nature.
  • D’organiser chaque année un entretien qui porte notamment sur les conditions d’activité du salarié et sa charge de travail.

L’AVENIR DU TELETRAVAIL - Photo femme noir & blanc

Droits du salarié en télétravail

Le télétravailleur jouit des mêmes droits et avantages légaux, régis par la convention, que ceux appliqués aux salariés travaillant dans les locaux de l’entreprise. Le refus de l’accès au télétravail à un poste éligible doit être motivé par l’entreprise. De plus, le refus d’un poste de télétravailleur n’est pas un motif de rupture du contrat de travail. Un accident survenu pendant l’exercice de l’activité professionnelle au poste de télétravail est considéré comme un accident du travail conformément à l’article L. 411-1 du Code de la sécurité sociale.

Depuis 2017, les entreprises sont incitées à faciliter le télétravail en réponse à une demande à la fois sociale, économique et environnementale. Ainsi, il n’est plus nécessaire de modifier le contrat de travail pour permettre à un salarié de télétravailler.

Contraints de trouver des solutions de recours dans la précipitation sans avoir au préalable suffisamment défini le cadre managérial, les conditions pratiques au domicile, ou les conditions d’hygiène du salarié, le télétravail n’a pas été sans dégâts sur le bien-être au travail.


Les vertus du télétravail pour le travailleur

Les chercheurs Ravi S. Gajendran et David A. Harrison, ont publié une analyse « The good, the bad, and the unknown about telecommuting: Meta-analysis of psychological mediators and individual consequences », Journal of Applied Psychology, vol. XCII, n° 6, novembre 2007. Elle vise à mettre en lumière les avantages du télétravail en recensant 46 études sur un total de 12 883 salariés.

L'avenir du télétravail - Points-positifs

Ils répertorient les points positifs du travail à domicile chez les employés :

  • Augmentation de l’autonomie.
  • Gain de temps.
  • Liberté d’organisation.
  • Réduction du temps passé dans les transports.
  • Diminution de la fatigue.
  • Allègement des coûts liés aux trajets domicile-travail pour le salarié et l’employeur.
  • Accroissement de la concentration.
  • Gain de productivité.
  • Baisse de l’absentéisme.
  • Enchantement du travail.
  • Proximité avec la vie personnelle.

Les deux chercheurs concluent donc que les temps sociaux bénéficient d’un équilibre beaucoup plus satisfaisant pour les salariés qui combinent plus naturellement vie professionnelle, vie personnelle et familiale. Mais qu’en est-il de l’interaction avec les collègues et la hiérarchie ?


L’effet pervers du télétravail sur le travailleur

Le travail à distance impose une organisation et une discipline particulière pour l’employé qui n’est pas sans conséquence sur son quotidien et celui de sa famille. Le travail est facilité par les TIC (Technologies de l’information et de la communication). Or, ce sont ces mêmes TIC qui sollicitent et envahissent davantage le professionnel exerçant à domicile.

L'avenir du télétravail - Points-negatifs

Les inconvénients du télétravail agissent sur la motivation et pénètrent plus directement la sphère intime :

  • Risque d’isolement social : On ne fréquente plus ses collègues et ne partage pas de moments de détente.
  • Risque de conflits familiaux : La famille peut interférer sur le travail ou souffrir d’une omniprésence accrue du travail pendant le temps familial.
  • Risque d’addiction au travail : L’absence de frontière et l’invasion des TIC peut entraîner une forme de servilité addictive. 
  • Risque de perdre des occasions d’avancement : La communication avec la hiérarchie passe au filtre des TIC.
  • Perte d’esprit d’équipe : L’absence de communication directe, l’absence de langage non verbal, la perte d’énergie de groupe réduit les effets positifs du Team Building.
  • Difficultés d’organisation personnelle : La discipline et la rigueur qu’implique le télétravail peut être difficile à mettre en place en l’absence de cadre.
  • Complexité à mesurer le temps de travail effectif : Le salarié peut aussi bien être distrait par des éléments générés dans le cadre de son domicile qu’envahit par un e-mail ou un SMS dans la soirée.

L’appartenance au collectif que représente l’entreprise se dissout dans le télétravail et peut, à terme, entraîner une perte de sens chez le salarié qui agira nécessairement sur sa motivation.

Une source AFP publiée par Le Point.fr le 15 février 2017 établit que le télétravail pourrait avoir un effet néfaste sur la santé. Un document conjointement produit par l’OIT (Organisation internationale du travail) et Eurofound, une agence de l’Union européenne, s’appuie sur des recherches menées dans 15 pays. Le rapport distingue les télétravailleurs à domicile, ayant un meilleur équilibre travail/famille, et les travailleurs « très mobiles », qui utilisent les nouveaux moyens de communication et sont davantage exposés à des répercussions négatives sur leur santé et leur bien-être.

« La tendance à induire un allongement de la durée du travail, à créer un chevauchement entre le travail salarié et la vie privée et à entraîner une intensification du travail » serait la contrepartie à la réduction du temps de transport. D’après le rapport, « 41 % des employés très mobiles font état de niveaux élevés de stress, comparés à 25 % chez ceux qui travaillent tout le temps au bureau ». Ainsi, 42 % des personnes qui travaillent uniquement à domicile et 42 % des télétravailleurs très mobiles déclarent se réveiller plusieurs fois par nuit, alors qu’ils ne sont que 29 % chez les personnes employées sur leur lieu de travail.

L'avenir du télétravail - Tableau

Le co-auteur du rapport, Jon Messenger, préconise un télétravail à temps partiel maintenant le contact avec les collègues. « L’équilibre idéal semble être 2 à 3 jours de travail à domicile », indique-t-il. Enfin, le rapport encourage le « droit à la déconnexion », un besoin de santé publique. D’ailleurs, des entreprises imposent l’extinction des serveurs informatiques en dehors des heures de travail afin de maintenir les temps de repos de tous les salariés.


Le télétravail et l’impact sur l’entreprise

L’équilibre vie personnelle / vie professionnelle n’est pas toujours évident à obtenir. Mais le télétravail ne doit pas uniquement être conçu pour répondre à des enjeux de vie intime. En effet, le lien avec une équipe fait partie des éléments qui contribuent à assurer le bien-être d’un salarié que ce soit au travail ou à la maison. L’avantage, c’est que le milieu professionnel dans des locaux, instaure de fait un cadre. Certes le cadre est artificiel et, pourtant, il permet à la personne d’avoir plusieurs espaces d’épanouissement distincts. Quand la frontière entre les deux univers n’est plus si nette, la perte de repères engendre une baisse de stimulation.

C’est pourquoi travailler à distance impose une formation de l’entreprise et des employés pour organiser au mieux cette solution de travail. Il est important d’organiser des temps en commun, des réunions réelles et des moments de partage plus détendus. C’est à cette occasion que le Team Building peut représenter un excellent support au ciment d’une équipe.

Si l’encadrant – qui n’a pas de contrôle direct ou d’effet stimulant sur le salarié en son absence – veut accorder sa confiance à l’employé et vice-versa, il apparaît essentiel que la société aménage des temps de renforcement du lien de l’équipe. Plus le lien est fort, plus l’équipe gagnera en autonomie. Une identité commune, une impulsion collective, voilà ce qui fait le ciment d’une entreprise dont la matière première est l’humain.


Le télétravail et l’esprit d’équipe

Une enquête menée par L’Observatoire du télétravail a révélé que 65 % des télétravailleurs seraient victimes d’isolement social et de perte d’esprit d’équipe. Lieu collectif d’échange, l’entreprise multiplie les interactions sociales dans une journée : réunions, pauses à la machine à café, discussions dans l’open space… Or, un collaborateur en télétravail perd environ 50 % des informations partagées sur une journée.

L'avenir du télétravail - scène travail

Le télétravail est une solution efficace pour soulager le temps de transport des professionnels et favoriser leur autonomie. Pour autant, maintenir un lien physique régulier avec l’équipe semble essentiel à l’engagement de chacun.


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Un commentaire sur « L’avenir du télétravail »

  1. Merci pour cet article !
    Malheureusement, tout le monde ne peut pas faire du télétravail. D’abord, il y a certains métiers qui ne le permettent pas. Et puis, il y a le caractère de chaque personnes. Personnellement, je travaille à la maison depuis 2012 (depuis que je vis de mon business sur Internet). Depuis cette année là, je n’ai plus jamais travaillé dans des lieux de travail où j’étais obligé de me rendre.

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