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Entrer dans une pochette de disque

Dans le cadre d’un atelier d’écriture pour répondre à l’appel à texte d’Ecoutons Nos Pochettes, les participants ont du inventer des textes de souvenir autour d’un disque.

 

Un souvenir musical

Voici dans une buée de souvenir, le troisième canyon le plus profond et le plus large au monde : The Greater Fish River Canyon.

Les lignes du temps se superposent, se plient, s’effondrent, se font renverser par les mouvements de sommeils de la mère Gaïa.

Puis, grattées par le vent, l’eau, le froid et la chaleur, arides sous le soleil du tropique du Capricorne exposant leurs flans à la vue des cieux, elles gardent férocement dans leurs entrailles les traces évolutives perdues ou inconnues : squelettes, coquilles, chairs, plumes, kératines d’insectes, bactéries, virus.

Certains profitent de ses failles pour les explorer, à parcourir aux bords des précipices et des cours d’eau.

Et moi, juste restée sur le bord de cette cicatrice terrestre qui donne envie au petit être humain de voler par dessus pour découvrir tous les recoins. Ou tout simplement profiter de la chanson « Paradise » de Coldplay en imaginant l’éléphant se promener sur les sentiers.

___ Auteure : Delphine


Paysage stylé

Mick

Coincé dans sa boîte, Mick se morfond dans sa captivité. Les murs translucides laissent passer une lumière jaune et chaude, mais tout lui semble terne. Même sa peau a pris la teinte sépia de sa geôle.

L’air, tout aussi saturé que les couleurs, est asphyxiant. Il déteste se retrouver ici, mais sa prison ne possède ni porte ni fenêtre, aucun interstice par lequel s’échapper.

Avant d’être ici, il avait du talent. Sa voix envoûtait des foules entières, et ses mouvements de hanches captivait ses admiratrices. Et du talent, il en avait toujours. Aucune prison, aussi hermétique soit-elle, ne pourrait le lui enlever.

Assis dans sa cellule, il entendit quelque chose en provenance de l’extérieur. Du bruit, une musique. Il se leva et se mit face au mur. La musique se faisait de plus en plus forte. Il se mit à l’accompagner. Juste un fredonnement d’abord. Puis, plus il s’enhardissait, plus la musique s’amplifiait, résonnait en écho sur les parois.

Au sommet de son art, Mick lança une puissante vibe et avança, droit dans le mur. Ce dernier s’étira, s’allongea, s’amincit jusqu’à épouser la forme de son corps, et juste comme ça, il sortit de sa pochette et franchit le mur du son. 

––– Auteur : Jean-Baptiste Guyard / A partir de l’album de The Rolling Stones


The Rolling Stones : une femelle voulant chanter ou crier à travers le voile des apparences bien convenues, essayant de faire entendre sa voix malgré les autres, même si elle est déformée par les préjugés des écouteurs, dans un voile de tulle couleur safran, dans une fumée de souffre(rance).

Roxy music : la femme fatale, tout de cuir vêtue, qui montre qu’elle peut dompter ou lâcher son animal sauvage intérieur, qu’elle n’attend personne pour elle-même dans cette ville de verre et d’acier. Le noir n’est pas un noir de mort mais un noir de colère, d’autonomie et d’autorité. Personne ne la soumettra.

Joy Division :  une vallée, une montagne, une dorsale, ou un son d’une musique venant des profondeurs ou des cieux ?  Dans ce noir simple où ressortent des lignes de sons ou de sismographe, est-ce un appel ou un silence ?

The Smiths :  soit un extrait d’un film muet, un Nosferatu dans son cercueil : se réveille-t-il ou s’endort-il ? Dans un noir bleuté, où la lumière n’est ni aube ni crépuscule.

____ Auteure : Delphine


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▶ Jean-Baptiste et Delphine participant.e.s aux ateliers d’écriture que nous proposons.
Retrouvez d’autres créations de participants de Rémanence des mots : ici


 

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