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L’Histoire : Faux départ de Marion Messina

Alejandro est un étudiant colombien inscrit à l’université à Grenoble. Il fait des petits boulots pour compléter sa bourse insuffisante. La vie quotidienne fait barrage à ses rêves.

Aurélie, sa collègue, devient son amante et se lie à lui plus pour ses rêves et moins pour le réel, jusqu’à ce qu’elle quitte Grenoble pour Paris. Les galères professionnelles, les rencontres plus ou moins satisfaisantes vont jalonner sa vie à Paris.

L’auteure

Marion Messina emprunte très certainement à sa perception de Grenoble et de Paris, son expérience universitaire et professionnelle. Elle construit clairement une œuvre  de fiction. C’est certainement de grandes qualités d’observation de son environnement qui lui permettent de développer un récit très concret et réaliste. 

Le récit

Des éléments biographiques sont probablement présents dans le récit. Mais l’auteure s’en écarte avec l’usage de la 3e personne, l’alternance de points de vue de personnages (Alejandro & Aurélie) et un ton très distancé – qui ne met pas en scène ni les événements, ni les émotions des personnages, tellement ancrés dans le réel qu’ils ne semblent plus être que des éléments du décor et non des êtres autonomes. 

Le café littéraire - image instantanée

Coup de Loupe

« Il avait faim, le frigo acheté chez les Compagnons d’Emmaüs dégageait une odeur âcre de pâtes aux lardons. Il avait remis le même caleçon que depuis trois jours, enfilé un pull trop fin pour supporter les hivers grenoblois et regardé la liste de ses téléchargements. »  – Faux départ, Marion Messina

Dans cet extrait, on découvre Alejandro à travers ses objets et ses gestes quotidiens. La description n’est pas exhaustive mais en quelques détails, la situation du personnage est dessinée. On suit le point de vue d’Alejandro. Or, il  y a une forme de détachement face à chaque petite action. Le ton de la narration n’est pas complaisant avec le personnage. On est directement dans une scène, certes banale, mais qui dresse un portrait parlant du personnage.

Les effets de lecture

Lors de nos échanges de lecture, nous avons relevé que l’écriture procédait presque d’un effacement, tant elle était fluide, et, malgré une tendance aux énumérations au rythme ternaire. L’écriture ne flamboie pas, elle forme les tableaux représentatifs de personnages prisonniers de leur condition. Les incursions humoristiques d’ordre cynique, voire sarcastique, au lieu de nous rapprocher des personnages, nous en éloignent, creusant la distance.

Les avis étaient partagés. Certains ressentaient une forme d’identification au personnage d’Aurélie, entraînant une compassion pour les épreuves qu’elle traverse. D’autres, un désir de la voir réagir et ne pas subir les situations en question.

En conclusion

Nous pourrions dire que ce roman interroge la place dans chaque strate de la société : la famille, les études, le travail, la ville, les transports, le couple. Ce qui est frappant, c’est le travail de Marion Messina pour glisser vers le « non-événement ». Les épreuves d’Aurélie sont systématiquement déconstruites, soit par un renversement narratif immédiat, soit par le rythme distancé de la phrase. S’il n’y a pas de virtuosité de l’écriture, de plaisir esthétique de la phrase, pour autant, on suit la narration avec beaucoup d’élan. C’est un livre agréable à lire d’une traite qui pousse à se questionner sur sa propre place dans le monde.

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