Qu’est-ce qu’un atelier d’écriture créative ?
DÉFINITION : Atelier d’écriture créative
Un atelier d’écriture créative rassemble un groupe restreint, dans un même espace, encadré par une animatrice ou un animateur. Un ensemble de jeux d’écriture minutés relevant de la contrainte sont proposés. Tous les participants sont invités à lire leurs productions après chaque temps d’écriture. Ce temps de restitution est accompagné d’un retour bienveillant et constructif de la part de l’animateur et du groupe. Les retours portent sur les effets littéraires des textes créés par les participants.
Les contraintes en atelier d’écriture
En atelier d’écriture, la contrainte a un effet libératoire car elle est motrice. Ainsi, elle impose un défi :
- Temps d’exécution limité.
- Eléments ou cadres d’écriture imposés d’ordre linguistique, stylistique, formel, narratif, poétique, technique, esthétique…
En outre, le dessein de la contrainte artistique
volontaire est de stimuler l’inconscient en occupant l’esprit sur un objectif précis. La créativité émane de ce qui échappe au contrôle.
« Contrainte et liberté sont des fonctions indissociables de l’œuvre : la contrainte n’est pas ce qui interdit la liberté, la liberté n’est pas ce qui n’est pas contrainte ; au contraire, la contrainte est ce qui permet la liberté, la liberté est ce qui surgit de la contrainte. » – Georges Perec, « La chose », Le Magazine Littéraire, 1993.
L’OULIPO : rois de la contrainte
Les rois de la contrainte sont les oulipiens. Ils imaginent des contraintes à partir desquelles ils écrivent et invitent à écrire.
OULIPO ? OUvroir de LIttérature POtentielle : Groupe de littérature né dans les années 60 qui réunit des auteurs et des mathématiciens dont, historiquement, Georges Perec, Italo Calvino, Raymond Queneau.
Ils imaginent des contraintes linguistiques et mathématiques qui déclenchent la créativité [Site officiel]. Ils se désignent eux-mêmes comme « Des rats qui ont à construire le labyrinthe dont ils se proposent de sortir » ! On retient particulièrement Georges Perec et son célèbre lipogramme (roman écrit sans aucun « e ») : La Disparition.
RÈGLES DU JEU
L’OULIPO engage une recherche sur la contrainte artistique dans le champ de la littérature. Mais les règles de composition poétique (comme l’alexandrin par exemple) ou les notions de genre (roman noir, science-fiction, merveilleux, etc.) sont également assimilables à des contraintes artistiques volontaires.
Pour générer un processus d’émulation collective, l’atelier d’écriture met en place une procédure d’écriture dont le détonateur est l’animatrice ou l’animateur d’atelier qui s’appuie sur des supports et met en place une procédure. Pour que le collectif s’engage dans la dynamique, des « règles du jeu » encadrent le groupe.
Qu’est-ce qu’un atelier d’écriture ?
Procédure d’écriture
Les contraintes sont multiples en atelier d’écriture. On compte la durée d’exécution, les règles du jeu de la séance et une suite de dispositifs. En outre, le dispositif est un « ensemble d’éléments ordonnés en vue d’une certaine fin », d’après l’étymologie répertoriée par le CNRTL.
On met en place une procédure d’écriture qui est identique pour tous, mais produira des textes singuliers et uniques. La procédure est appelée « trame » chez Rémanence des mots. On peut l’appeler « chemin de fer », « GPS », « scénario »… C’est le document qui comprend les différentes propositions d’écriture (basées sur des dispositifs) s’enchaînant en suivant une progression pédagogique. Elle pose le cadre mais peut être ajustée en cours de séance selon différents facteurs comme la résonance avec les participants, la gestion du temps ou les nouvelles idées de l’animatrice ou l’animateur.
Ainsi, l’animatrice ou l’animateur se ménage une marge d’improvisation pour adapter le contenu aux spécificités de son public.
DISPOSITIFS D’ÉCRITURE
En atelier d’écriture créative, les dispositifs sont variés et présentent différentes approches qui peuvent nourrir la poésie, la narration ou s’intégrer à un axe thématique :
- Les inventaires / questionnaires
- Les textes à trois
- Le caviardage, le cut-up, le collage
- Les cadavres exquis
- Les multiplications de points de vue
- Les avancées narratives dirigées
- Les détournements
- Jeux phonétiques
- Jeux syntaxiques
- Les recueils d’impression
- Les « fausses » définitions
- Les portraits de personnages
- Les jeux de montage (associer des titres entre eux pour former un titre, écrire une phrase avec une liste de mots imposée, textes à trou)
- Les jeux oulipiens type logorallye, tautogramme, abécédaire, etc.
- Les réécritures, pastiches
- Indications : étapes narratives
- Réagir à un texte, un chant, une vidéo, une musique, un enregistrement, un article…
- Suivre une progression de propositions orales
- …
Les dispositifs peuvent être illustrés, enrichis ou rebondir sur des supports :
- Images
- Vidéo
- Musique
- Enregistrements sonores
- Extraits de textes
- Articles
- Citations
- Etc.
Qu’est-ce qu’un atelier d’écriture ?
Les objectifs d’un atelier d’écriture
La thématique d’un atelier d’écriture
Il est important de déterminer les intentions d’un atelier. On n’atteint pas nécessairement ses objectifs pédagogiques mais on structure sa/ses séance(s). Voici quelques exemples :
- Offrir un loisir ré-créatif
- Créer un lien avec d’autres disciplines artistico/pédagogiques
- Faire découvrir un auteur
- Travailler l’argumentaire
- Créer un texte collectif
- Libérer la parole
- Faire réfléchir sur soi, sa pratique
- Créer un lien dans un groupe
- Désacraliser l’écriture
- Engager un accompagnement à la création littéraire exigeant
- …
Le lieu d’intervention d’un atelier d’écriture
Un atelier d’écriture peut être mené auprès de différents publics et répondre à divers buts. Il s’agit d’adapter l’offre et l’approche. A Rémanence des mots, nous intervenons aussi bien en bibliothèque/médiathèque (Paris, Ile-de-France) qu’en maison d’arrêt (Versailles, Nanterre), à l’hôpital (Le Kremlin-Bicêtre, Garches), en milieu scolaire (école, collège, lycée, école post-bac, université), au musée (Louvre, Panthéon, Maison Jean Cocteau, Musée Lambinet), Centre d’art, festivals (Partir en Livre, Paris Plage Bassin de la Villette…), maisons de retraite (Pirandello, 5e), maisons pour tous, salon du Livre (Livre Paris), etc.
La configuration du lieu, l’espace, la lumière, les tables, les tablettes rigides (en déambulatoire), les sièges (coussins au sol, fauteuils, chaises…), l’emplacement des tables, les bruits avoisinants, etc. représentent des éléments à prendre en compte lors de l’élaboration de la séance car ils auront une influence sur :
– l’attention/concentration des participants ;
– la qualité de l’échange oral (lecture des textes, retours) ;
– la dynamique du groupe.
Visiter ou connaître les lieux avec leurs atouts et leurs contraintes en amont facilite la préparation de la procédure d’écriture (matérialisée par la trame) et permet d’anticiper l’animation de la séance.
Le public en atelier d’écriture
Si l’objectif est d’attirer du public vers sa structure, ce sont l’identité de celle-ci et le discours qui l’accompagnent qui le détermineront (en plus des spécificités géographiques et des réseaux de communication mis en place).
En revanche, si l’animation d’un atelier d’écriture est mise en place suite à une commande, il est préférable de bien déterminer quel est le public et quels sont ses besoins, en accord avec le lieu d’accueil.
Les ateliers d’écriture peuvent donc s’adresser à des publics tels que :
– Elèves/étudiants dans le cadre scolaire ;
– Elèves/étudiants hors cadre scolaire (maison pour tous ou centre de loisirs) ;
– Mineurs non accompagnés allophones ;
– Allophones en reprise d’études ;
– Personnes hospitalisées (dialyse, anorexie, troubles mentaux…) ;
– Seniors actifs ;
– Résidents de maison de retraite de +80 ans ;
– Groupe intergénérationnel ;
– Groupe parents-enfants ;
– Enterrement de vie de jeune fille (EVJF) ;
– Evénementiel (festival, salon…) ;
– Team Building (Réunion de renforcement du lien en milieu professionnel) ;
– Etc.
A une certaine occasion, Rémanence des mots a animé des ateliers d’écriture auprès de mineurs non accompagnés aux Apprentis d’Auteuil qui découvraient, pour la plupart, la langue française. L’animatrice a dû déployer une stratégie ludique pour les mener à l’écriture. Les ambitions sont adaptées au public mais peuvent rester littéraires (poétiques, narratives…). L’atelier devient une alternative à un cours de français. En outre, il permet de se familiariser avec la langue et d’en dédramatiser l’usage en ayant recours aux langues d’origines, à des images et/ou à des jeux avec les onomatopées, par exemple.
Une autre fois, nous avons été sollicités pour animer un atelier d’écriture auprès de femmes battues hébergées dans un foyer d’accueil d’urgence. Dans ce cadre, le but était davantage de créer un lien de confiance et de parole avec le groupe. La proposition a porté sur des écrits d’impression, de sensation, sans lien avec les traumatismes des participantes pour leur permettre de se présenter dans une autre posture. L’atelier répondait à des enjeux de confiance et de réconciliation avec soi-même, en parallèle d’un accompagnement professionnel de la structure.
En conclusion, dédramatiser l’acte d’écrire représente l’enjeu des ateliers d’écriture car c’est ce qui détermine le plaisir d’écrire et de partager ses écrits. En cultivant l’art du brouillon, en créant une atmosphère conviviale et chaleureuse, l’animateur ou l’animatrice d’atelier facilite la création artistique.
Qu’est-ce qu’un atelier d’écriture ?
Atelier d’écriture collectif
L’atelier d’écriture réunit un groupe de participants-écrivants qui répondent simultanément aux mêmes défis et réagissent aux textes des uns et des autres. L’animatrice ou l’animateur d’atelier veille à créer du lien entre les participants. La bienveillance est enclenchée et, parce que tout le monde écrit des brouillons, il n’existe pas de compétition et il ne s’agit pas de réaliser une performance.
La lecture et les retours en atelier
En atelier d’écriture, les participants (même quand ils ne sont pas vulnérables) sont poussés à s’exposer (même si la fiction protège). Cela signifie que l’animatrice ou l’animateur d’atelier sollicite de nombreuses ressources de la part des personnes : concentration, manipulation linguistique, éventuelles connaissances littéraires, expression écrite, expression orale, interaction avec le groupe.
L’animateur ou l’animatrice d’atelier le sait et le prend en compte dans son approche – qu’il tente de dédramatiser tout en stimulant le groupe. C’est un équilibre délicat, tout comme est délicate la position du participant-écrivant.
C’est pourquoi le retour sur les textes est indispensable à Rémanence des mots. Nous estimons que si un texte est créé dans un cadre collectif, c’est pour qu’il soit partagé. Le partager, c’est le faire exister hors de son cadre intime (hors de son tiroir, hors de sa tête) et, ainsi, lui attribuer une valeur. S’il est lu aux autres, il est également nécessaire que le texte de l’auteur·e lecteur·ice entre en résonance avec les autres textes, lors des lectures, mais aussi qu’il ait un retour.
Le retour sur texte principal est assuré par l’animatrice ou l’animateur. Il répond aux objectifs de la séance (on ne réalise pas un retour littéraire approfondi lors d’une initiation auprès d’enfants de 8-9 ans, ça va de soi !). Il porte sur les effets littéraires de la création. Il ne s’agit pas d’une analyse de texte telle qu’on la pratique dans le cadre académique. Non, c’est un retour de perceptions. Il s’agit donc d’essayer de démonter la mécanique du texte sur des aspects sonores, linguistiques, narratifs… En soulignant ce qui fait immédiatement écho à l’animatrice ou l’animateur, qui présente alors un procédé narratif, une figure de style, un jeu de mots. C’est ce que produit le texte qui est mis en valeur (pas sa genèse).
Les retours sur textes complémentaires sont assurés par les autres participants. C’est l’animatrice·eur d’atelier qui répartit les temps de parole, recadre ou modère pour que les retours ne soient pas offensants ou indélicats. Son rôle consiste à maintenir un cadre bienveillant. Cela ne signifie pas complaisance pour autant.
Les retours sur textes font partie de la procédure d’un atelier d’écriture créative. Ils peuvent être séquencés différemment selon la gestion du temps et les aléas qui se produisent. La lecture et le retour sont indissociables (sauf sur des abonnements longue durée). On demande aux participants d’avoir la générosité de lire, on accueille leurs textes avec gratitude sincère.
Dans quelles situations animer un atelier d’écriture ?
Il ne faut pas confondre procédure d’atelier d’écriture (trame) et dispositifs (pré-textes, déclencheurs, inducteurs, exercices). Les dispositifs des ateliers d’écriture peuvent être déclinés et utilisés dans de nombreux cadres d’intervention et notamment en support à un cours de français ou pour libérer la parole lors d’une séance de coaching ou comme support thérapeutique.
La procédure d’atelier d’écriture créative répond à un cadre éthique spécifique : pas d’évaluation, pas de retour thérapeutique, pas de coaching de développement personnel, quand on est (honorablement) uniquement animatrice ou animateur d’atelier.
En revanche, un coach en développement personnel peut s’appuyer sur des dispositifs d’ateliers d’écriture dans le cadre de sa mission professionnelle. Tout comme l’art-thérapeute ou le thérapeute peut rebondir sur des écrits ou l’attitude en séance collective. Ou bien le professeur peut intégrer des jeux d’écriture lors d’un cours ou même d’une évaluation. Les retours dans ces cadres-là ne sont pas nécessairement d’ordre littéraire et remplissent des objectifs très singuliers.
Ainsi, dans certains secteurs d’activité, les professionnels peuvent compléter leurs compétences en se formant à l’animation d’ateliers d’écriture. De cette manière, ils développent un savoir-faire d’encadrement de groupe et se préparent une boîte à outils ludique pour mener à l’écriture.
Les ateliers d’écriture, en bref
Espace créatif collectif qui s’appuie sur la contrainte et inclut le retour après un temps d’écriture, l’atelier d’écriture peut s’apparenter à l’atelier de l’artiste-peintre qui esquisse, fait des études avant de se consacrer à une œuvre, qu’il va peaufiner et retravailler.
En apprendre plus sur les ateliers d'écriture : ►Pourquoi écrire en atelier d'écriture ? ► 5 idées reçues sur les ateliers d'écriture ► Définition de la ludification ► Outil d'animation socio culturel ► La narration comme outil pédagogique
Un atelier d’écriture peut répondre à toutes les étapes. A Rémanence des mots, cultivons l’art du brouillon ! Ces exercices préliminaires sont beaux et ont une valeur au moment du partage en atelier et ensuite, comme textes fantômes dont le pouvoir est de provoquer le désir de produire d’autres textes.
Rémanence des mots ce sont :
►Des ateliers d’écriture créative à la carte accessibles à l’année et sans engagement
► Des ateliers d’écriture créative en abonnement
► Des ateliers d’accompagnement à la création de manuscrit
►Des week-ends intensifs d’écriture autour d’une thématique, d’un procédé
►Des formations à l’animation d’atelier d’écriture
►Des interventions sur mesure dans toute structure : entreprise, musée, école, bibliothèque…
Découvrir : Les ateliers d’écriture au Louvre / Les ateliers d’écriture policière à la médiathèque
▶ Retrouvez d’autres articles de conseils ici
▶ Rémanence des mots est un organisme de formation et propose des ateliers d’écriture