Écrire à partir d’images
Écrire des vraies fausses fictions en atelier
Que fait-on en atelier d’écriture créative Rémanence des mots ?
Ca varie ! Tout dépend du format (à la carte, abonnement, week-end), de la formule (Art du récit, Ecritures de soi, Poésie, Lab’accompagnement de manuscrit, Ecritures brèves…). C’est aussi selon l’animatrice ou l’animateur (Elise Goldberg, Adèle Rosenfeld, Mathilde Pucheu, Sébastien Souchon, Théo Pucheu), en fonction de sa sensibilité, sa mécanique mentale ou tout simplement son humeur. Le point commun ? La trame suivant un processus marquant une progression et un esprit malicieux et bienveillant !
Les coulisses d’un atelier d’écriture à la carte
On a quand même envie de vous dévoiler les coulisses d’un atelier d’écriture. Ce qui est un exemple n’est jamais un modèle. Donc, voici un atelier singulier qui met en lumière l’esprit Rémanence sans être représentatif. Il en est de même de la création de Charles, singulière et pas représentative. Mais inventive, non ?
Précisons d’autre part qu’un atelier c’est aussi un lieu, des gens, un moment. Cela signifie que selon le groupe et le moment, une trame d’atelier peut prendre une tournure totalement différente. L’atelier d’écriture présenté ici est un atelier à la carte Ecritures de soi : « Ecrire de vraies fausses fictions à partir d’image », animé par Mathilde Pucheu. Pour illustrer cet atelier, nous avons la chance de partager les écrits de Charles qui venait pour la première fois.
ECRIRE & D-ECRIRE
► Pour chacun des tableaux précédents du peintre et illustrateur australien Shaun Tan, écrivez une phrase sans réfléchir, sans décrire, juste en réaction immédiate à l’image. La longueur de votre phrase dépendra de votre impression et du temps !
Ce n’est pas moi qu’il faut attendre. Il faudrait que la nuit m’ait permis de connaître cette femme, si bien qu’avec moi, elle ne joue pas les intouchables. Il vaut mieux que mon père, qui est riche et moi pas, me permette d’être reconnu en tant que Dandy, comme Charles Baudelaire. Ce qui manque à ce poète, c’est la passion qu’aurait Johnny pour les Harley Davidson. La forteresse est en pierre, mais comme Fort Alamo, elle aurait pu être construite en bois de pins. Faire que la mer ne se jette pas dans mes bras, car c’est une maîtresse infidèle, qui est prête à me trahir une nouvelle fois.
► Pour un des deux des tableaux précédents, décrivez ce que vous voyez (peu importe le réel).
Les compagnons du Tour de France n’auront pas assez de métier, même si leur apprentissage fait plus que de leur donner la possibilité de coller des rustines sur une chambre à air à vous de souffle.
PORTRAITS
LOUKARÉVITCH (LUCCARI) EFROSINIA (XVIIe siècle)
Aristocrate de Raguse issue de la famille Guétaiditch-Krouhora-ditch, mariée à un gentilhomme de la famille Luccari. Dans son palais, elle gardait en cage un geai dont la présence était un gage de guérison. Sur le mur elle avait fait suspendre une horloge grecque qui, les jours de fête, jouait des tropaires et des kontakions. Elle disait que l’ouverture d’une nouvelle porte dans la vie est aussi incertaine que l’ouverture aux jeux de cartes et, à propos de son riche mari, qu’il se nourrissait d’eau et de silence. Elle était connue par son comportement de femme libérée et sa beauté ; elle s’en défendait en souriant et déclarait que le chemin et la joue n’allaient pas ensemble. Elle avait deux pouces à chaque main et portait toujours des gants, même pendant les repas. Elle aimait les mets de couleur rouge, bleue et jaune et portait des robes dans les mêmes teintes. Elle avait deux enfants, une fille et un fils. Une nuit, à l’âge de sept ans, à travers la fenêtre qui séparait sa chambre de celle de sa mère, sa fille l’avait vue accoucher. En présence de l’oiseau dans sa cage, dame Efrosinia avait mis au monde un gnome barbu, avec des éperons à ses pieds nus, qui, à peine né, s’était écrié « Un Grec affamé irait jusqu’au ciel. » Il avait coupé de ses propres dents le cordon ombilical et il était aussitôt parti en trombe, ayant saisi un bonnet pour tout vêtement, en criant le nom de sa sœur. Depuis cet événement, la fillette était restée muette et, devenue insupportable, elle fut placée à Konavlié, afin qu’on ne la voie plus. – Le Dictionnaire Khazar, Milorad Pavic (Serbe)
► Sélectionnez un visage parmi les dessins-photos d’identité, et présentez-nous son identité en vous inspirant de la fiche encyclopédique poétique et détournée du Dictionnaire Khazar.
Jeune homme, je voulais être si séduisant que, pour choisir une femme, j’en fasse craquer une et que ma volonté d’aventure aille jusqu’à me permettre de calculer mon corps. Dans ma famille, on m’avait bercé de manière à ce que je puisse me permettre les choix les plus extravagants. C’est pourquoi, j’ai jeté mon dévolu sur la squaw de Geronimo qui avait été la pierre d’angle de la Résistance de ce chef apache à l’envahissement programmé et sans pitié de ceux qui se sont emparés de ses terres. Il ne me restait qu’un tout petit territoire pour y trouver le bonheur avec cette femme élue de mon coeur.
NARRER
► Reconstituez l’histoire de cet enchaînement d’images en l’associant à l’un de vos « portraits » précédents, sous la forme rapide d’un résumé, sans fioriture, mais dans une forme dynamique.
La squaw de Geronimo a été jusqu’à faire un enfant avec moi. Un gosse à plumes comme tous les Indiens. Pour l’amuser, elle était si ingénieuse, qu’elle avait su faire une cocotte en papier. Les aiguilles ont tourné. Tout le monde attendait que ce papoose devienne adulte pour qu’on lui confie le pouvoir. En attendant, on le nourrissait à la cuillère, ce qui le rendait si gai qu’il s’en donnait à coeur joie en dessinant. Ils adoptaient les habitudes des Britanniques qui leur avaient enseigné le Tea-Time.
► L’image ci-dessus est un souvenir de votre personnage, mettez-le en scène en très peu de mots. Ca peut prendre la forme d’un poème.
Au lieu de Tipee, ils en étaient venus à la transformation de leur habitat et se réfugiaient dans des immeubles en dur.
► Racontez une aventure avec votre personnage en insérant chacun des éléments issus des images précédentes.
Le jeu des sept erreurs qui paraissait quotidiennement dans France-Soir pouvait mettre la France sens dessus dessous. Trouver un hôtel dans ces conditions vous obligeait à crocheter une serrure d’une de ses chambres avec un passe-partout. Heureusement, on vous accordait l’hospitalité dans une pièce qui n’était pas remplie de grenouilles, mais l’une d’elle était cauchemardesque. Un plan détaillé tout droit sorti des archives d’un guide parisien vous laissait entre les doigts une espèce de mollusque que protégeait une solide écaille.
Toutes les images appartiennent au peintre et illustrateur Shaun Tan. Tous droits réservés. Les images sépia sont issues de l’album sans texte Là où vont nos pères (The Arrival). Les tableaux sont les créations qu’il expose sur son site Internet.
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