fbpx

mais franchement bravo Anouk
t’envoies du steak

C’est vrai qu’Anouk envoie du pâté avec son deuxième roman. Toujours aux éditions du Panseur, petite maison d’édition qui met du coeur aux ouvrages qu’elle publie ! Copeaux de bois est un récit compliqué à délimiter tant sa forme est hybride : notes, vers libre, récit, autobiographie, témoignage, tronçonneuse sans étiquette ? En tout cas, poncif critique mais pas cliché, ce texte nous fait grandement penser à Joseph Pontus et son livre À la ligne (sans désapprécier le caractère singulier de Copeaux de bois).

Le roman raconte le voyage initiatique d’une apprentie bûcheronne ! Écrit comme un carnet de notes nous suivons les tribulations d’Anouk dans l’apprentissage du métier de bûcheron aux côtés de bûcherons chevronnés, de formateurs, de collègues, de camarades d’apprentissage. Le récit suit les 4 saisons dans 4 régions où se déroule cette formation.

Bonjour à tous
et à toutes
je vois qu’il y a deux femmes
c’est bien
moi je m’appelle Max Antoine
je suis votre formateur en bûcheronnage
c’est moi que vous allez voir le plus souvent
je suis votre référent principal cette année ok ?
Je m’appelle Max Antoine
j’ai trente-sept ans
je suis pas écolo
je suis écologue
Mes passions :
ma femme
ma chienne
mes tronçonneuses
et mes enfants bien-sûr
j’ai deux petits garçons ils sont magnifiques
ça va être des tombeurs plus tard
Moi je suis un putain de bûcheron
je suis un putain de chasseur
je suis représentant chez Stihl aussi
je pourrai vous avoir des prix

Tout en restant dans son domaine de prédilection, la forêt, Anouk livre un récit très rythmé avec des chapitres courts et une prose à la frontière du vers, de phrases courtes, de notes et de la transcription orale. Ça détonne, n’empêche qu’on rentre pleinement dedans, j’ai même eu la sensation de vivre parfois un récit d’aventures initiatique mais pas psychédélique. C’est surtout un récit du réel, d’un réalisme cru comme ce personnage de Max Antoine (citation ci-dessus) qui transcrit quelque chose de vulgaire et de vrai. Des anecdotes aussi drôles que dramatiques comme on en trouve dans tant de métiers de notre société. Pourtant c’est ce qui se cache derrière cette fresque de personnages que sait capter l’autrice et rendre émouvant.

journée mécanique avec Max
on démonte les bécanes :
dévisser les écrous
retirer le couvercle de pignon le guide la chaîne le carter le filtre à air
virer toutes les merdes accumulées les copeaux les brindilles la pâte huileuse
nettoyer ça à sec avec la soufflette à air comprimé
et au pinceau à eau pour les parties en plastoc
passer un coup de lame fine dans la rainure du guide
l’ébavurer avec la lime
voilà ce qu’on est censés faire au moins une fois par semaine

J’ajouterais des éléments captivant qui traverse le texte : les questions techniques liées au bûcheronnage comme cet exemple de l’entretien mécanique d’une tronçonneuse, la sylviculture, les normes environnementales… Il y est aussi question du corps mis en émoi au fil des saisons et des arbres abattus. Enfin, ce texte aborde des questions d’écologie, de conditions de travail, de sexisme, de chasse, sans tomber dans le jugement, avec du recul en retranscrivant les choses tel quel.

 

 

 


▶ Retrouvez d’autres articles de conseils ici
▶ Rémanence des mots est un organisme de formation et propose des ateliers d’écriture


Laisser un commentaire

En savoir plus sur Blog littéraire

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading