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Pour leur bien, publication d’Amandine Prié

 

Amandine Prié sourit Pour leur bien Editions Les Pérégrines

Amandine Prié a écrit Pour leur bien, un roman publié aux Editions Les Pérégrines. Son roman nous met à hauteur d’enfant. Cet enfant, c’est Inaya, 8 ans qui voit, dans l’arrivée d’une association humanitaire française, l’occasion d’accéder à la connaissance. Mais les bonnes intentions des adultes sont-elles à la hauteur des enfants ?

Comment est née l’idée de ton récit ?

Le point de départ de ce premier roman est le personnage d’Inaya, qui s’est dessiné avant tous les autres, et avant même que j’aie une idée précise du sujet. J’avais en tête cette petite fille forte, courageuse, curieuse. Avec elle, c’est de l’enfance dont je voulais parler, de la place qu’on accorde à la parole des enfants, à leurs désirs, de ce que les adultes sont capables de faire « pour leur bien ». Je me suis souvenue de l’affaire de l’Arche de Zoé, qui m’avait beaucoup marquée à l’époque, et ce fait divers m’a semblé être la matière première idéale pour creuser ces différentes questions.

Quel est le point de départ à l’écriture ?

Je pars toujours des personnages. Ce sont eux qui, dans chaque chapitre, me permettent de tisser les fils du récit, m’amenant parfois à écrire une scène différemment de ce que j’avais prévu. Je visualise beaucoup ce que j’écris, et souvent ce que je vois en premier, c’est le corps des personnages, leur façon de se déplacer, de se tenir, etc. A partir de là, les images de leur environnement se mettent en place, les sons, les odeurs, les interactions entre les personnages, mais aussi entre les personnages et les lieux dans lesquels ils évoluent. J’embarque une caméra au bout de mon stylo et je suis tout ce petit monde à la trace. 
Caméra stylo Amandine PriéJ’embarque une caméra au bout de mon stylo et je suis tout ce petit monde à la trace. Quelles craintes t’ont accompagnée pendant l’écriture ?
Les débuts ont été difficiles. Je doutais énormément de mon écriture, de la construction, du choix du narrateur : il y a tant de possibilités qu’en choisir une implique nécessairement de renoncer aux autres, sans savoir si c’est la bonne décision. Mais une fois que j’ai trouvé l’angle et le ton, le récit a été beaucoup plus facile à dérouler, sans crainte majeure. 

L’architecture de ton récit a été conçue de quelle manière ? Peux-tu détailler tes phases de travail : synopsis, résumés de chapitre, documents de questions, etc. ?

Script Amandine Prié romanAprès une première phase de plusieurs mois de réflexion autour du sujet et des personnages, j’ai écrit un synopsis assez succinct. Rapidement, j’ai eu besoin d’imaginer la fin du roman – elle a d’ailleurs été écrite peu de temps après les premiers chapitres – pour savoir dans quelle direction j’allais et ne pas me perdre en route. Puis après quelques chapitres écrits un peu au fil de l’eau, sans plan, j’ai ressenti le besoin de structurer l’ensemble. J‘ai alors élaboré un plan détaillé, avec un bref résumé pour chaque chapitre. Je m’y suis globalement tenue, mais j’ai aussi parfois contourné ce plan quand une autre idée s’imposait au dernier moment. Le travail préparatoire s’est finalement beaucoup fait dans ma tête, avec seulement, hormis ce plan, quelques notes et quelques dessins – un plan du village, par exemple, par souci de cohérence – ici et là.  

Comment es-tu parvenue à façonner tes personnages ?

Manuscrit écriture manuelle atelierA part Inaya, qui était dès le début une évidence, les personnages se sont construits progressivement, au fil de l’écriture. Plus je les mettais en situation, mieux je les connaissais. Ils ont pris de la consistance peu à peu, sans que je sache vraiment expliquer le processus. Les fiches de personnages et autres méthodes similaires, ça ne fonctionne pas bien pour moi, c’est vraiment en me lançant dans l’écriture que les personnages prennent corps, pas avant. Par contre, je note quand même certains éléments pour m’y retrouver, comme l’âge, les liens de parenté ou certaines particularités physiques. Mais ça vient après, une fois que j’ai commencé à écrire. 

Comment t’accommodes-tu de ton exigence linguistique ? T’es-tu sentie freinée, voire brimée par un désir de perfection – recherche du mot juste, composition des phrases rythmique, etc. ?

Oui, au début de l’écriture c’était un vrai problème. J’avais l’impression naïve que je pourrais faire l’économie de l’étape de la réécriture, qu’il suffisait de « s’appliquer ». Donc je voulais que tout soit parfait dès le premier jet, que tout sonne à l’oreille comme je le souhaitais.
Évidemment ça ne s’est pas passé comme ça ! Mon style a évolué entre le début et la fin de cette année d’écriture, et j’ai ensuite repris le texte pour l’harmoniser. Finalement, il me semble qu’il y a plutôt eu un travail de simplification de la langue : dans un premier temps, on a tendance à s’écouter un peu écrire, à vouloir « faire joli », impressionner, quitte à oublier que les mots ont un sens précis et que parfois, même si une phrase sonne bien, elle n’a pas la signification attendue. J’ai essayé de trouver l’équilibre entre la musique des mots et leur sens. 
L’autre difficulté était de conserver la crédibilité de la voix d’Inaya, sans pour autant tomber dans l’imitation, souvent peu réussie, du langage enfantin. C’est pour cette raison que j’ai fait le choix du récit à la 3e personne, parce qu’essayer d’emprunter directement les mots d’Inaya me semblait trop périlleux. 

Abordes-tu ton nouveau roman avec une même prosodie ?

Non, je suis au tout début de l’écriture mais je sens déjà que certaines choses ont changé, d’une part parce que le récit ne sera pas raconté à hauteur d’enfant, d’autre part parce que cette fois, j’ai bien conscience que c’est un premier jet. Donc je m’attarde moins sur chaque phrase, et je repère plus facilement ce qui sonne moins bien. J’essaie d’avancer sans trop me retourner. 

Tu connaissais un peu l’Afrique, mais tu as dû faire des recherches pour enrichir ton texte, comment as-tu travaillé ? 

Livre Pour leur bien atelier d'écriture MyCoworkJe me suis beaucoup documentée sur l’affaire de l’Arche de Zoé, mais j’ai aussi lu beaucoup d’auteurs africains pour m’imprégner de certaines ambiances. Je me suis replongée dans mes souvenirs, et tous ces éléments ont formé un monde fictionnel dont on ne retrouve qu’une petite partie dans le roman. Quand je décris le village, par exemple, je visualise aussi ce qui l’entoure, les autres villages, où mène cette piste rouge qui le borde, etc.
Tout ça n’apparaît pas dans le roman, mais j’en ai besoin pour donner de l’épaisseur à mon récit. Quant à l’affaire de l’Arche de Zoé en elle-même, je n’ai pas cherché à coller à la réalité, puisque de toute façon je ne la connais pas. Je ne sais pas si les protagonistes de cette affaire ont été tiraillés entre des émotions contradictoires, je ne sais rien des véritables motivations des uns et des autres. Le fait divers m’a apporté un cadre, mais à l’intérieur de ce cadre, c’est le point de vue des enfants qui m’intéresse tout particulièrement. Et il ne peut être que fictionnel, car aucun d’eux – du moins à ma connaissance – ne s’est exprimé publiquement sur ce qu’il a vécu. 

Quelle relation entretiens-tu avec tes personnages ?

Archive manuscritJ’ai énormément de tendresse pour eux, pour les enfants bien sûr, mais aussi pour les adultes les plus tiraillés entre la réalité de ce qu’ils vivent et leurs idéaux. D’une manière générale, j’aime tout particulièrement les gens qui doutent, qui sont emplis de contradictions. Mes personnages sont faits de toutes les personnes que j’ai croisées sur ma route, certains ont aussi un peu de moi, ou un peu de celle que j’aurais aimé être si je n’avais pas été moi ! 

Quand as-tu senti que ton projet était fini ? 

Quand j’ai commencé à avoir l’idée d’un autre roman. J’ai senti qu’il y avait encore du travail, mais que le moment était venu de l’envoyer à quelques maisons d’édition. 

Comment as-tu rencontré ta maison d’édition ?

Scrip scénario résumé chapitres atelier écritureJ’ai envoyé mon roman à une vingtaine de maisons de toutes tailles. Je les ai sélectionnées pour leur ligne éditoriale, que j’apprécie et qui me semblait en adéquation avec mon manuscrit. Je n’avais pas de rêve de grande maison : je cherchais avant tout une maison d’édition proche de ses auteurs, impliquée, et en mesure de m’aider à améliorer mon texte, à le pousser plus loin.
C’est exactement ce que j’ai trouvé avec Les Pérégrines, qui publient peu pour pouvoir porter chacun de leurs textes. Il y a eu une première phase de réécriture pour apporter plus de nuances, prendre davantage le temps à certains moments du récit, puis au fil des (nombreuses) relectures, nous sommes allées de plus en plus dans le détail, jusqu’à discuter de la pertinence d’une virgule.
Aucune modification, même la plus minime, n’a été faite sans mon accord, et toujours avec beaucoup de délicatesse, dans le respect de mon travail. J’ai aussi pleinement participé au choix de la couverture, et j’ai pu conserver le titre que j’avais initialement choisi. C’est une très belle rencontre. 

Comment vis-tu cette rentrée littéraire 2022 ?

Pile de livre salon du livre écrivain - Pour leur bienLa rentrée littéraire, c’est un peu un grand 8, avec une foule d’émotions très intenses.
Il y la fierté immense de voir son livre sur une table de librairie, aux côtés d’auteurs et d’autrices qu’on admire, il y a aussi la peur de ne pas réussir à se faire une place parmi les 490 romans qui débarquent quasi en même temps dans les médias et les librairies. J’ai très envie de rencontrer les lecteurs et les lectrices, pour pouvoir échanger de façon directe.
Je serai en dédicace au salon du livre de Nancy du 9 au 11 septembre, avec une rencontre le dimanche 11 en compagnie d’Antoine Rault qui publie Monsieur Sénégal.
Puis le weekend suivant, du 16 au 18 septembre, je serai en dédicace au salon du livre de Besançon, avec une rencontre le samedi 17 aux côtés de Raozy Pellerin (Bibiche) et Hadrien Bels (Tibi la blanche).
Pour acheter mon livre, je ne peux que conseiller de soutenir les librairies indépendantes, qui font un travail indispensable pour permettre à des primo-romanciers comme moi d’avoir une chance aux côtés de « poids-lourds » de la rentrée littéraire. 

As-tu un autre projet ? 

Carnet d'écriture stylo atelier - Pour leur bienOui, je viens de débuter l’écriture de mon deuxième roman. Pour le moment je ne peux rien en dire, tout simplement parce que les premiers mois, je crois que ce travail a quelque chose de très intime, que j’ai envie de garder précieusement jusqu’à ce que le projet soit suffisamment solide pour commencer à vivre indépendamment de moi.
Il y a quelque chose de l’ordre de la gestation et de la naissance dans tout ce processus. Je n’ai pas le sentiment de cultiver ce désir créatif, les idées viennent et l‘écriture du deuxième roman est une sorte de continuité, comme s’il me fallait combler l’absence laissée par la fin du premier roman. 

Quel message souhaiterais-tu passer à des participantes et des participants Rémanence qui aimeraient aller au bout d’un projet littéraire ?

Cahier d'écriture main atelier - Pour leur bienJe crois qu’il y a deux choses très importantes, du moins elles l’ont été pour moi : d’une part, bien s’entourer si on en ressent le besoin, si on a du mal à se faire confiance et à poser les bases du projet.
Plus les bases seront solides, plus le projet sera susceptible de tenir debout et de ne pas être abandonné en cours de route. Mais puisque ce message s’adresse aux participantes et aux participants Rémanence, il s’agit déjà de personnes bien entourées !
D’autre part, viendra probablement un moment où l’envie de laisser tomber sera plus forte : la fatigue, les doutes, le quotidien, tout vient alors peser plus lourd. C’est ce qui m’est arrivé vers la moitié du roman, j’ai senti que si je n’insistais pas à ce moment précis, mon manuscrit resterait inachevé. Donc même si vous n’écrivez que 2 pages le dimanche, faites tout votre possible pour vous y tenir. Un rendez-vous d’écriture par semaine est, je pense, un minimum pour ne pas s’éloigner petit à petit de son projet. 

 


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Rémanence des mots est un organisme de formation et propose des ateliers d’écriture


 

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